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Le combat d'une mère contre Hunter Moore, le roi du revenge porn

Logo du site IsAnyoneUp de Hunter Moore
Logo du site IsAnyoneUp de Hunter Moore

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur SZ Magazin, Vice

En janvier dernier, l'arrestation de Hunter Moore, «l'homme le plus détesté d'Internet», comme l'a surnommé le magazine Rolling Stone, a fait les gros titres de la presse. Cet Américain de 29 ans est soupçonné de s'être offert les services d'un hacker pour alimenter en photos compromettantes son site IsAnyoneUp.com, sur lequel d'ex-copains frustrés avides de vengeance pouvaient poster des photos de leurs ex-copines nues accompagnées de commentaires dégradants.

Mais peu d'articles évoquent le combat mené par Charlotte Laws, une mère de famille âgée de 53 ans qui a pourchassé Hunter Moore pendant des mois pour le sommer de fermer son site. Sans elle, il ne serait aujourd'hui certainement pas derrière les barreaux à attendre son procès.

C'est la bataille acharnée qu'a menée cette femme contre le roi du revenge porn que raconte le SZ Magazin.

Tout a commencé en janvier 2012, lorsque la fille de Charlotte Laws, paniquée, lui apprend que des photos qu'elle a prise d'elle-même nue devant sa glace sont sur Internet, alors qu'elle ne les avait pourtant montrées à personne. Charlotte Laws rassure sa fille et lui promet de trouver une solution, pensant d'abord qu'un simple mail au responsable du site suffirait à faire retirer les photos. C'est en googlant le nom d'Hunter Moore qu'elle découvre à qui elle a affaire, et décide alors, comme l'écrit le SZ Magazin, «de lutter contre l'homme le plus détesté d'Internet avec les moyens d'une mère: patience et art de la persuasion».

Sa stratégie:

«Parler avec beaucoup de gens de son entourage, pour les convaincre à quel point ce site Internet fait du mal aux victimes.»

Nom de code: «Operation No Moore». Elle dresse une liste de noms de personnes à contacter et les appelle les unes après les autres: l'hébergeur du site de Moore, son avocat, l'agence qui a programmé son site... Elle finit par contacter le FBI, qui lui rend visite en Allemagne, et parvient à recueillir les témoignages d'une vingtaine d'autres victimes pour rendre possible une action en justice. Dans le même temps, elle parvient à convaincre Facebook et PayPal de supprimer le profil et le compte de Moore. Celui-ci ne peut alors plus faire de publicité pour son site via le réseau social ni recevoir de dons via la plateforme de paiements sécurisés.

Son action incite plusieurs centaines de victimes du site de revenge porn à témoigner et à se porter partie civile. De son côté, Hunter Moore continue de prétendre que toutes les photos en ligne sur son site sont postées par les utilisateurs, et se vantait même à l'époque sur Vice d'avoir la bosse du commerce:

«Une chose est sûre, je vais en profiter au maximum. Je ne suis jamais là où on m’attend, je me renouvelle en permanence. J'ai déjà gagné beaucoup d'argent, je vais continuer à en engranger. Tant qu'il y aura des seins, je ne vois pas comment ça pourrait retomber. […] Je sais comment manipuler les gens pour gagner de l'argent.»

L'enquête du FBI avance, le domicile de Moore est perquisitionné. Plusieurs victimes du site parviennent à prouver que leurs photos ont été volées par des hackers. A ce moment-là, un membre des Anonymous contacte Charlotte Laws pour lui proposer son aide. Quelques jours plus tard, le site de revenge porn n'est plus accessible, toutes les images sont offline.

Aujourd'hui, Charlotte Laws s'amuse de ne pas avoir besoin d'utiliser sa dernière carte pour parvenir à ses fins. Lors de ses recherches, elle avait réussi à se procurer le numéro de téléphone de la mère de Hunter Moore:

«Si le FBI ou Anonymous n'étaient pas parvenus à supprimer sa page du web, j'aurais appelé sa maman.»

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