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En Arctique, la glace la plus vieille fond et emporte le reste de la banquise avec elle

La cote d'alerte est largement dépassé.

Photo by the NOAA, from the video
Photo by the NOAA, from the video

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La NOAA vient de publier une vidéo très efficace montrant combien les choses sont en train de dégénérer au sommet de la planète. Sur l'animation, on voit la fonte de la calotte glaciaire non seulement en termes de surface, mais aussi d'âge de la banquise – plus les zones sont blanches, plus les couches de glace sont anciennes (9 ans ou plus).

On peut facilement constater que, ces dernières années, les couches de glace les plus anciennes ont fondu et que la glace arctique ne cesse de rajeunir. Ce qui n'augure rien de bon: plus la glace est vieille, plus elle est épaisse et plus elle reste en place; la glace plus jeune, elle, est plus fine et fond tous les étés. Ce qui signifie que, tous les ans, la quantité de glace présente au pôle nord diminue, et qu'elle diminue vite. A mesure que l'Arctique se réchauffe, sa capacité à former de la banquise, mais aussi à la conserver, s’évanouit.

Le problème ne se pose pas seulement en termes de surface, mais aussi de volume. Oui, la glace recouvre moins de surface marine et cette banquise ne cesse de s'affiner. Ce qui veut dire qu'elle fondra encore plus vite en été. C'est vraiment très grave, parce qu'en l’état actuel de nos connaissances, c'est un processus qui ne peut aller qu'en s'accélérant. La glace est blanche et réflective, tandis qu'en dessous, l'eau est plus sombre. Quand la glace disparaît, elle laisse place à une eau qui absorbe davantage les rayons du soleil et réchauffe d'autant la température. C'est une des raisons pour lesquelles nous assistons à une fonte dangereusement accélérée de la banquise en Arctique.

C'est un fait, pur et simple. Et pourtant, je vois toujours des négationnistes du réchauffement climatique dire que la banquise de l’Arctique est en voie de «rétablissement» depuis son creux de 2012. Cette affirmation n'est qu'un bon gros tas d'engrais naturel (j'essaye de modérer mon langage autant que faire se peut pour que ce site ne soit pas totalement interdit aux enfants).

Plusieurs raisons expliquent le creux record de 2012 – dont une perte d’épaisseur en cours depuis plusieurs années, rendant la banquise plus vulnérable aux grosses intempéries. 2012 a justement été l’année d'une tempête conséquente, survenue en août. La perte d’épaisseur, elle, est due à l'augmentation des températures. Autrement dit, au réchauffement climatique.

Cette vidéo montre bien l’étendue du désastre:

Comme vous pouvez le voir, la petite remontée de 2013 est loin de rattraper le déclin de la banquise arctique, constant et extraordinaire, auquel nous assistons depuis maintenant plusieurs années. Rétablissement? Mon cul la balayette (à neige). C'est un écran de fumée climato-négationniste, une façon de détourner l'attention du public et d’éviter que les gens sachent, réellement, ce qui est en train de se passer (idem pour l'argument totalement mensonger voulant que le déclin glaciaire de l'Arctique soit compensé par une augmentation en Antarctique). Le plus drôle, c'est que même les grandes compagnies pétrolières admettent la fonte des glaces du pôle nord, vu qu'elles comptent là-dessus pour y forer a gogo.

Par ailleurs, la glace de l’Arctique n'a jamais été aussi fine à cette période l’année. Il est bien trop tôt pour dire combien elle perdra d'épaisseur au total, avec le dégel du printemps et de l'été – par rapport au minimum de février dernier, la fonte actuelle ne relève pas d'une différence statistiquement significative – mais cela mérite vraiment d'y prendre garde. Le coupable est certainement à chercher du côté des températures plus chaudes que la moyenne que connaît l'extrême nord de la planète.

Nous ne savons pas combien de temps il faudra attendre pour avoir notre premier été sans banquise dans l'Arctique, mais cela pourrait très bien arriver au cours des trente prochaines années. Le plus probable, c'est qu'il faille attendre un peu plus longtemps, et c'est tout ce que j’espère. Mais, au final, le fait est que le réchauffement climatique fait fondre la banquise du pôle nord et que le phénomène aura de plus en plus de conséquences dramatiquement visibles. Le temps de fourrer sa tête dans le sable est révolu, depuis vraiment très longtemps.

Phil Plait

Traduit par Peggy Sastre

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