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«Penny Lane», la prison secrète près de Guantánamo où la CIA formait des agents doubles

<a href="http://www.flickr.com/photos/paulk/3080299313/">Panneau à la frontière entre les provinces de Guantanamo et Santiago</a>. Paul Keller via FlickrCC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License by</a>
Panneau à la frontière entre les provinces de Guantanamo et Santiago. Paul Keller via FlickrCC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur AP, The Telegraph, Slate.com

Dans une longue dépêche, l'agence de presse AP révèle et détaille l’existence d’un autre centre secret à Guantánamo, non loin de la tristement célèbre prison, durant une période s'étalant de 2003 à 2006.

Mais cette fois, pas de musique comme instrument de torture, pas de petites cellules confinées. Dans huit pavillons, les officiers de la CIA «transformaient des terroristes en agents doubles et puis les renvoyaient chez eux». Ceux qui acceptaient de signer pour renouer des liens avec leurs anciens camarades d’al-Qaida se voyaient transférés des cellules en isolement vers des petites maisons avec cuisine, douche, et télévision indépendantes et même du porno pour ceux qui le demandaient.

Ils recevaient de l’argent –les montants sont encore inconnus–, tout droit sorti d’un compte de la CIA, une assurance santé pour certains ou la certitude d’obtenir une protection pour leurs familles.

Le nom de code de la base: Penny Lane. Cette référence à une chanson des Beatles fait échos à Strawberry Fields, le sobriquet utilisé pour nommer la prison de Guantánamo, lui aussi tiré d’une musique des Beatles Strawberry Fields Forever «à cause du risque pour les détenus d’être emprisonnés là-bas pour toujours», explique The Telegraph.

AP, qui a obtenu ces informations par des témoignages anonymes d'anciens ou actuels agents de la CIA, précise qu’entre 2003 et 2006, des douzaines de prisonniers ont été évalués, mais seulement «une poignée d’entre eux, venant de différents pays, ont été transformés en espions et ont signé un contrat stipulant qu’ils acceptaient d’espionner pour le compte de la CIA».

Les risques étaient nombreux, résume The Telegraph: que les agents doubles puissent rallier à nouveau la cause d’al-Qaida, ou transmettre de fausses informations, ou encore révèlent publiquement le programme de la CIA, ce qui aurait provoqué un tollé. Et en effet, ajoute AP, certains d’entre eux ont arrêté de fournir des informations à la CIA qui a perdu tout contact avec eux. D’autres se sont effectivement replacés du côté d’al-Qaida pour combattre les Etats-Unis et leurs alliés.

Mais note Emma Roller sur Slate.com, «l’ironie de l’histoire est palpable: pendant que la CIA libérait des terroristes avérés en tant qu’agent doubles, d’autres prisonniers de Guantanamo, qui ne font l’objet d’aucune accusation formelle, comme Mohamedou Ould Slahi [dont Slate a pubié les Mémoires de Guantánamo], demeurent dans le purgatoire de l’habeas corpus».

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