Parents & enfants / Monde

Vous savez ce qui est vraiment hyper hipster? Etre père

Ces nouveaux papas ont même leur magazine made in Brooklyn, évidemment.

<a href="http://www.flickr.com/photos/29311691@N05/5906575402/sizes/o/in/photostream/">Photos de H.I.L.T </a>via FlickrCC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License by</a>
Photos de H.I.L.T via FlickrCC License by

Temps de lecture: 2 minutes

Deux jeunes pères de Brooklyn ont lancé cette année un magazine pour «explorer le sens de la paternité» moderne. Les pages de Kindling Quarterly sont remplies de trentenaires créatifs –designers, journalistes, musiciens– qui parlent ateliers manuels et recettes de cuisine. Ils font des meubles en bois recyclé et des gnocchis au potiron avec leurs bambins. Inévitablement, la revue a vite été qualifiée de premier magazine pour papas hipsters.

Ces dernières années, la culture DIY (Do It Yourself) dont Brooklyn est l’épicentre a permis de glorifier des activités qui avaient auparavant peu de cachet, comme la boucherie ou la boulangerie. C’est maintenant au tour de la paternité de changer d’image.

Le rédacteur en chef, David Michael Perez, dans le premier numéro:

«Pour certains pères, s’occuper de leurs enfants à plein temps est l’ultime projet créatif. Quoi de plus artisanal, DIY et authentique que d’élever des enfants?»

Le magazine veut aller au-delà des représentations caricaturales de la paternité, avec d’un côté le père trop occupé par le travail pour changer une couche, et de l’autre, le papa un peu ridicule qui essaye d'aider mais a toujours besoin de l'intervention d'une femme pour s'en sortir.

Le papa de Kindling est la synthèse idéale: créatif et épanoui, il chasse le canard sauvage et nettoie le vomi de bébé. Le tout avec une barbe bien taillée et des jeans parfaits.

Le premier père interviewé dans la revue est un blogueur australien qui s’est mis à la pêche, à la chasse et au jardinage pour nourrir ses deux filles avec les meilleurs produits possibles.

Quelques pages plus loin, on découvre la vie d’un designer de meubles qui vit à la campagne et porte à peu près les mêmes lunettes et la même chemise à carreaux que le blogueur australien. Il y a ensuite un récit de voyages sur Istanbul intitulé: «La ville où les hommes adorent les bébés», et un essai dans lequel un père raconte qu’il a renoncé à lire Foucault depuis qu’il a un fils.

Pour une fois, la question de l’équilibre entre travail et famille n’est pas seulement posée aux femmes. Un critique littéraire raconte comment il concilie baby-sitting et écriture d’articles, et un designer parle de la difficulté de préparer sa fille à partir à l’école chaque matin.

Il y a aussi des pages mode où père et fille posent à Central Park avec casquette Gavroche, cardigan en grosse maille et sac en cuir à 800 euros.

Ce magazine arrive à un moment culturel particulier aux Etats-Unis: les pères ont envie de parler du fait d’être père. Depuis 2010, des dizaines de récits autobiographiques ont été publiés sur le sujet. Un magazine sportif comme Deadspin –plus connu pour ses scoops sur le sexting– a maintenant des chroniqueurs qui parlent petits pots et dessins animés (un article récent examine les couinements suraigus du jouet Sophie la Girafe).

Même s’ils sont encore une infime minorité, les pères au foyer sortent de l’ombre.  A New York, un groupe de soutien créé en 2008 a plus de 800 membres. Chaque semaine, pères et petits se retrouvent pour des visites au musée et rendez-vous au parc.

Mais ces papas ne veulent pas non plus être glorifiés. Le rédacteur en chef de Kindling raconte que quand il est au marché et que son fils commence à pleurer, il y a souvent une vieille dame qui propose de l’aider, comme s’il ne pouvait pas s’en sortir sans une présence féminine.

De même, un père expliquait cet été dans Slate.com que chaque semaineau supermarché, quelqu’un l’arrête pour lui dire que c’est un héros juste parce qu’il a une poussette:

«Evidemment, quand ma femme était avec les enfants pendant six mois, personne n’est venu lui dire que c’était une héroïne.»

Claire Levenson

cover
-
/
cover

Liste de lecture