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«Je suis vivante»: si vous ne deviez voir qu'une vidéo des attaques chimiques en Syrie

Une vidéo postée par un activiste montre une petite fille faire une crise de panique, 21 août 2013 (<a href="http://www.youtube.com/watch?v=QF6wHbgT2XU">Youtube</a>)
Une vidéo postée par un activiste montre une petite fille faire une crise de panique, 21 août 2013 (Youtube)

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Washington Post, Le Monde, RFI

Dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 août, une très violente attaque a été menée par l’armée syrienne dans la banlieue de Damas. Des zones tenues par les rebelles ont été bombardées, en particulier les quartiers d’Hammouriya, la Ghouta, Moudamiya, Zamalka et Arbin.

L’opposition avance le chiffre de 1.300 morts, et accuse le régime d’avoir utilisé des armes chimiques. De nombreuses photos et vidéos nous sont parvenues, montrant des personnes asphyxiées dans des centres médicaux et des dizaines de corps dans des morgues de fortune, sans blessure apparente.

Ces images sont d’une violence extrême. Souvent insoutenables, elles sont pourtant nécessaires, pour pouvoir prendre la mesure de la catastrophe humanitaire que traverse la Syrie depuis maintenant deux ans. Si, parmi toutes ces vidéos, vous ne vous sentez capables de n’en regarder qu’une seule, le Washington Post recommande celle-ci, postée par un activiste syrien tard mardi soir.

Vous n’y trouverez ni explosion ni bain de sang, mais seulement l’insurmontable panique, devenue ordinaire en Syrie, d’une fillette qui vient de perdre ses parents, et qui se touche le visage pour s’assurer qu’elle est encore là, elle. «Je suis vivante, je suis vivante» répète-t-elle frénétiquement alors qu’un infirmier tente de la calmer. Impossible de dire si sa crise de délire est due à l’inhalation de gaz toxiques, comme l’ont suggéré certains, ou à de la simple terreur.

Quoi qu’il en soit, souligne le Washington Post, elle nous rappelle une réalité moins spectaculaire que celle des massacres, et que la violence de certaines images à tendance à occulter: au-delà de ceux qui tuent et de ceux qui meurent, il y a tous les autres, qui survivent, alors que les cadavres s’accumulent autour d’eux.

Les images de mort qui nous parviennent de Syrie sont souvent si monstrueuses qu’elles rendent impossible toute identification: la réalité à laquelle elles renvoient nous est étrangère, et on les observe comme on observerait des scènes de guerre au cinéma. Mais la panique d’un enfant effrayé est une chose familière, que l’on est tous capables de reconnaître et de comprendre, et à laquelle il est facile de s’identifier.

L’attaque du 21 août intervient quelques jours à peine après l’arrivée à Damas d’experts de l’ONU censés enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques dans le conflit. Sinistre ironie du sort, l’équipe ne peut se rendre sur les lieux de la dernière attaque sans une autorisation du gouvernement syrien. 

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