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La révolte turque a trouvé son égérie: la jeune femme à la robe rouge

Détail de la photo prise par Osman Orsal le 28 mai 2013 place Taksim, à Istabul. REUTERS
Détail de la photo prise par Osman Orsal le 28 mai 2013 place Taksim, à Istabul. REUTERS

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Légère robe rouge en coton, souliers de cuir marron et sac en toile blanc: voici la panoplie complète de la nouvelle égérie des manifestantes turques. Devant elle, un policier masqué lui projette du gaz lacrymogène en pleine figure. Ses cheveux se dressent sur sa tête et elle plisse les yeux très forts.

Reuters raconte sur son site l’histoire du cliché d’Osman Orsal pris le 28 mai dernier, place Taksim à Istanbul, qui a déjà été de nombreuses fois repris sur les réseaux sociaux. Sans oublier les multiples répliques dessinées en posters et autocollants. D’ailleurs, l’une des reproductions placardée sur les murs d’Istanbul montre la femme à la robe rouge beaucoup plus grosse que le policier. Et le slogan balance:

«Plus vous nous aspergez, plus nous devenons puissants.»

Réagissant aux événements, le 3 juin, le Premier ministre Erdogan a qualifié les manifestants d’extrémistes «vivants main dans la main avec le terrorisme», relate Reuters. Mais cette description sonne faux face à l’image de la femme en robe rouge, qui ne menaçait pas la police.

Toutes des robes rouges

Beaucoup d’autres femmes de la place Taksim ressemblent à la jeune femme à la robe rouge. Jeunes, éduquées, et qui pensent qu’elles perdent de leur liberté avec la Turquie d’Erdogan. Elles refusent la promotion qu'Erdogan fait du voile, symbole de piété féminin par excellence.

Le Washington Post, lui, s’est penché sur l’ambiance du cliché, ce qu’il exprime. Le journaliste Max Fisher fait le lien entre le policier et le gouvernement turc:

«La dynamique entre la femme en rouge et le policier sur la photo est fascinant, comme un microcosme qui montre la relation entre les Turcs révoltés et leur gouvernement, qu’ils perçoivent comme de plus en plus autoritaire.»

Robe rouge = drapeau turc?

Toujours selon Max Fisher, nul doute que la position et le flegme de la femme en rouge représente la solidité de la motivation côté manifestants:

«Le plus remarquable, c’est sa posture: la tête légèrement baissée, mais elle reste bien debout, droite. Ne se jetant pas sur le policier, ne cherchant pas plus à s’enfuir.»

La question que cette photo amène directement est: la police a-t-elle vraiment besoin de tout cet attirail simplement pour asperger de gaz lacrymogène une jeune femme dans un parc? Au moment où la photo a été prise, la contestation n’en était qu’à son deuxième jour, et les manifestants s’en tenaient à une occupation pacifiste du parc.

Ironie de l'histoire, le photographe Osman Orsal a lui-même été blessé par la police le lendemain de ce cliché. Il a reçu une bombe de gaz lacrymogène en pleine tête.

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