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Accusations de pédophilie: les Verts allemands de Cohn-Bendit face à leur passé

Daniel Cohn-Bendit au Parlement européen à Strasbourg le 12 mars 2013, REUTERS/Jean-Marc Loos
Daniel Cohn-Bendit au Parlement européen à Strasbourg le 12 mars 2013, REUTERS/Jean-Marc Loos

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La direction du parti écologiste allemand Die Grünen vient d'annoncer qu'elle allait commanditer une «étude menée de façon systématique et scientifique» confiée à un chercheur indépendant pour faire la lumière sur les accusations de pédophilie dont le parti fait régulièrement l'objet depuis des années, rapporte le quotidien berlinois Der Tagesspiegel.

Ce serpent de mer a refait surface en avril dernier quand l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit a reçu les larmes aux yeux le prix Theodor Heuss, une distinction qui récompense les personnes qui se battent en faveur de la démocratie. Invité à tenir un discours lors de la cérémonie, Andreas Voßkuhle, le président de la Cour constitutionnelle fédérale, garante du respect de la démocratie en Allemagne, avait refusé d'intervenir, rapporte l'hebdomadaire Stern, au motif que Cohn-Bendit se serait exprimé d'une façon «inappropriée» au sujet de la sexualité des enfants, faisant référence à l'autobiographie que ce dernier avait publié en 1975, Le grand Bazar, dans laquelle il écrivait, évoquant son expérience d'éducateur dans un jardin d'enfants:

«Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais: "Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d'autres gosses?" Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même

Par crainte de déclencher une nouvelle polémique qui puisse nuire aux Verts à quelques mois des élections fédérales, l'eurodéputé a renoncé à une autre distinction qui devait lui être décernée, le Grand Prix franco-allemand des médias. Mais les écrits de Daniel Cohn-Bendit – qu'il a condamnés lui-même à plusieurs reprises en disant qu'il d'agissait d'une «provocation» et de «mauvaise littérature» – ne sont pas un cas isolé parmi les Verts. Comme le dit Cohn-Bendit lui-même à Der Spiegel:

«C'était mainstream».

L'hebdomadaire allemand révèle en effet que dans les années 1980, un «groupe de travail fédéral homosexuels, pédérastes et transsexuels», financé par le parti écologiste, défendait l'idée de légaliser les relations entre adultes et enfants. Comme en témoigne Kurt Hartmann, un des anciens membres de ce groupe:

«Sur le plan politique fédéral, les Verts étaient l'unique espoir des pédophiles».

Comme le rappelle l'hebdomadaire Die Zeit:

«Le parti […] était à ses débuts un réservoir pour tous les courants et groupements possibles: défenseurs de l'environnement et pacifistes, défenseurs des droits des femmes et militants gay, maoïstes et trotskistes.»

C'est dans ce contexte post-68 que les pédophiles sont parvenus à trouver un soutien politique chez les Verts, en arguant que les contacts sexuels entre enfants et adultes n’étaient non seulement pas nocifs pour les enfants mais nécessaires à leur évolution psychosociale, poursuit Die Zeit:

«Les pédophiles réussirent pendant longtemps à présenter la sexualité avec des enfants comme le dernier bastion qui devait être pris d'assaut dans le cadre de la libération sexuelle […].»

Quatre mois à peine avant les élections fédérales, faire la lumière sur leur propre passé et déterminer quelle a été l'influence des pédophiles au sein du parti s'avère pour les Verts plus que nécessaire.

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