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«Est-ce une évolution ou un énorme pas en arrière?», s’interroge le journaliste Andrew Leonard sur Salon.
YouTube a confirmé ce jeudi 9 mai ce que le Financial Times, derrière son propre paywall, annonçait quelques jours plus tôt: le service de vidéos en ligne de Google lance un système d'abonnement à la carte pour certaines de ses chaines. Comme le rapportait le Financial Times, il s’agit, pour le géant californien, «de financer une plus large variété de contenus et d’ajouter une nouvelle source de revenus au leader de la vidéo en ligne».
Avec environ 50 chaînes, YouTube va donc entrer en compétition avec des sites comme Hulu ou Netflix, en proposant du streaming de haute qualité à partir de 1,49 euro par chaîne et par mois.
Ce système permettrait aux chaînes en question de mettre en ligne des produits vidéo plus élaborés –des séries télévision ou des films, par exemple– tout en faisant un profit, a confié au FT une source proche du groupe en charge de ce plan.
En général, les sites qui introduisent un paywall agissent de manière désespérée «pour quelques miettes de revenu dans un secteur éviscéré par la disponibilité de contenu gratuit et un manque d’annonceurs», explique Andrew Leonard. Mais ce n’est pas le cas pour YouTube: ici, la mesure cherche à financer une transition des vidéos de chat de mauvaise qualité vers des vidéos de haute qualité.
Après avoir démoli le business model de la télévision en offrant du contenu gratuit et disponible 24 heures sur 24, YouTube cherche donc à s’en rapprocher, ou en tout cas à fournir des vidéos de même qualité.
Les sommes versées par les annonceurs à la plateforme de partage de vidéos ont beau augmenter très rapidement, elles ne représentent qu’une «fraction des budgets de la télévision», souligne également le FT.
Pour l’instant, YouTube n’arrive pas à réunir un budget publicitaire à la hauteur de ses ambitions pour un contenu «premium», comme l’avait fait remarquer AllthingsD au début de l’année. Les programmeurs estiment qu’ils ne reçoivent pas assez d’argent pour le contenu de qualité qu’ils produisent une fois que YouTube a prelevé 45% des revenus générés par chacune de leurs vidéos.
En 2012, Machinima, un réseau de jeux vidéo en ligne qui génère plusieurs milliards de vues sur YouTube par mois, a révoqué les contrats de beaucoup des contributeurs vidéo qu’il représente et en a viré d’autres parce qu'il leur avait garanti une rémunération supérieure aux gains qu'il percevait de YouTube.
La communauté YouTube acceptera-t-elle de financer le changement de qualité de la plateforme, ou voudra-t-elle continuer à regarder des vidéos de chat gratuitement? Le pari est risqué.
D.D.