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Etats-Unis, Europe: la jeunesse a-t-elle encore un avenir?

 A Paris, le 21 octobre 2010. REUTERS/Charles Platiau
A Paris, le 21 octobre 2010. REUTERS/Charles Platiau

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Ils sont un peu jeunes pour entonner «Génération désenchantée» de Mylène Farmer, mais le coeur y est tout de même.

Ce sont les fameux millenials, la Génération Y qui attise la curiosité pour son rapport fusionnel aux outils numériques. Mais aussi et surtout, parce qu'elle serait «la génération la moins chanceuse» de l'histoire contemporaine, écrit Dereck Thompson dans The Atlantic, un article à déconseiller aux jeunes déjà pessimistes.

Aux Etats-Unis, ces jeunes nés à partir de 1982 ont grandi sous la récession, ont connu le 11 septembre 2001 et, surtout, la grande crise de 2008 et ses suites désastreuses.

Plus près de chez nous, l’Union européenne leur a trouvé un acronyme, les Neets, pour «Not in Employment, Education or Training» («Ni en emploi, ni en étude, ni en formation»). Ils sont 14 millions d’Européens, âgés de 15 à 29 ans.

Aux Etats-Unis, le coût du logement a pratiquement doublé depuis leur naissance, entre 1983 et 2010. Depuis 2000, il a progressé de 75% en France rien qu’en une décennie. Le salaire moyen de 10% sur la même période. 

Maison, voiture, bébé? Non, merci

Conséquence, du moins aux Etats-Unis, écrit The Atlantic: la génération des 20-30 ans dit «non, merci». Ou à tout le moins, «pas encore». Trop tôt pour faire un enfant à cause de la conjoncture économique déprimante. Conséquence, la génération montante délaisse les deux biens de consommation moteurs de l’économie: la voiture et le logement. La part des jeunes américains dans l’achat de voitures neuves se réduit d’année en année, les prêts immobiliers sont repoussés à plus tard… Un cercle vicieux économique s’installe.

«Ils ne se marient pas. Ils n’achètent pas de maisons. Et surtout, ce qui explique la consternation des constructeurs automobile, ils ne semblent pas ressentir l’urgence de posséder une voiture!» notait déjà dans The Atlantic, ironiquement, Jordan Weissmann en mars 2012.

L’article de The Atlantic veut pousser à l’optimisme, et pour son auteur la génération du millenium est tout de même chanceuse. Elle bénéficie, en compensation du coût pour l'emploi des délocalisations et des progrès technologiques, de biens de consommation peu chers.

Voyez un peu, avec Internet, les divertissements sont devenus abordables —gratuits?– en particulier la musique et les vidéos… Il y a des centaines d'heures de séries à matter! Hum, pas sûr que cela suffise à satisfaire la jeunesse.

Leur principale force, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, c’est d’être la génération la plus éduquée de l’histoire. Mais il semble qu'aux Etats-Unis, des voix s'élèvent pour modérer l'optimisme qui associe à la montée du niveau d'éducation des débouchés satisfaisants pour la population. Une énorme masse de travailleurs aux niveaux de diplôme intermédiaires qui travaille dans le traitement d'informations est menacée par le progrès technologique.

Là encore, qui peut dire que la reprise économique aspirera cette masse de jeunes éduqués et leur offrira des conditions de vie au moins comparables à celles de leurs aînés?

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