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Syrie: l'armée de Bachar el-Assad a été divisée par deux

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Alors que j’éditais un article sur la Syrie l’année dernière, je me souviens avoir demandé à son auteur une statistiques qui, je l’espérais, allait donner aux lecteurs une meilleure idée de la direction que prenait le pays. La réponse du journaliste:

«Bienvenue en Syrie, il n’y a pas de statistiques.»

C’est en grande partie vrai. Deux ans après le début du soulèvement, on ne manque pas d’anecdotes, que ce soit sur la vie quotidienne des Syriens, le destin de tel village, ou ce qui s’est passé au cours de telle bataille. Mais il y a très peu de faits autour de la manière dont la guerre se joue au niveau global.  

L’International institute for strategic studies (IISS) a réalisé une bonne partie du travail de terrain pour répondre à une des questions persistantes pour avoir une vue d’ensemble du conflit syrien: quel est l’état de l’armée de Bachar el-Assad, et comment a-t-elle été affectée par le soulèvement? L’étude Military Balance de 2013 apporte une estimation exhaustive de la puissance de combat de l’armée syrienne, et de la lutte des deux camps pour prendre l’avantage dans le conflit.

110.000 soldats

Les conclusions de Military Balance: entre le début du soulèvement et l’automne 2012, la puissance de combat de l’armée syrienne a été divisée par deux pour atteindre 110.000 soldats. Au sein de ce total, le régime ne peut être certain de la loyauté que d’environ 50.000, ceux des forces spéciales à majorité alaouite, de la garde républicaine et des 3e et 4e divisions.

La Syrie abrite à peu près 22 millions d’habitants, ce qui signifie qu’Assad ne peut pas maintenir son niveau substantiel de contrôle avec seulement 50.000 soldats. C’est pourquoi on peut raisonnablement penser que son noyau dur de 50.000 personnes reçoit un soutien substantiel de la part d’autres franges de l’armée.

Plus précisément, il est complété par 60.000 soldats actifs de plus, 60.000 personnels de l’armée de l’air et un nombre indéterminé de policiers et de forces paramilitaires. Et c’est sans même parler des forces du Hezbollah ou iraniennes qui ont contribué à l’effort de guerre.

Des rebelles désorganisés

Military Balance n’essaie pas de quantifier les forces rebelles syriennes, mais il fournit une évaluation de leurs méthodes. On peut lire dans le rapport:

«Les rebelles employaient de plus en plus les méthodes de l’insurrection moderne comme les attaques surprise, les embuscades, les assassinats et les attentats suicides.»

Mais ils ont été freinés par leur manque d’organisation:

«Les rebelles syriens étaient grandement handicapés par un manque presque total d’autorité politique et de stratégie unifiées.»

La structure décentralisée des rebelles les a empêchés de se faire écraser par une armée syrienne numériquement et technologiquement supérieure. Mais cela a aussi entraîné des stratégies douteuses, comme la décision d’envahir la ville d’Alep avant d’avoir assez de forces pour la prendre, et pourrait entraîner des luttes internes entre les factions rebelles avant ou après la chute d’Assad. Comme l’écrit Military Balance:

«Assad pourrait ne pas gagner, mais les rebelles pourraient toujours perdre.»

David Kenner

Traduit par Grégoire Fleurot

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