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L'élection du pape François vue par la presse italienne

Le pape François, le 13 mars 2013. REUTERS/Tony Gentile.
Le pape François, le 13 mars 2013. REUTERS/Tony Gentile.

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Premier pontife à choisir le nom de François, premier pape sud-américain de l’histoire... Jorge Mario Bergoglio, 76 ans, intrigue la presse italienne. Peut-être aussi parce que la fumée blanche a désavoué tous les pronostics des dernières heures: un seul vaticaniste, Andrea Tornielli, avait prévu et cru à l’élection de Bergoglio, rappelle Il Fatto Quotidiano.

L’archevêque argentin a à peine eu le temps de devenir le pape François que la presse italienne regorgeait néanmoins de portraits du nouvel évêque de Rome.

Un homme qui se dérobe

Timide et réservé: Il Corriere della Sera le décrit comme un homme qui se dérobe. Réticent à accepter des charges curiales, c’est un opposant au luxe et au gaspillage. Il vivait dans un appartement modeste et se déplaçait en transports en commun, précise le quotidien italien.

Dans le même registre, la Stampa nous apprend que le vice qu’il supporte le moins parmi les hommes d’Eglise est la «mondanité spirituelle». Lorsqu’il a été fait cardinal en 2001, il a même obligé ses compatriotes, qui avaient levé des fonds pour assister à la cérémonie à Rome, à rester en Argentine et faire une donation aux pauvres.

Sa jeunesse intrigue également: pour payer ses études, il a travaillé en tant que videur dans une boîte. Et a eu une petite amie, affirme le quotidien Il Messaggero, qui cite le livre-entretien Le Jésuite, des journalistes Francesca Ambrogetti et Sergio Rubin:

«Elle faisait partie du groupe d’amis avec qui on allait danser. Puis j’ai découvert la vocation religieuse.»

Le nouveau souverain pontife supporte le club de foot de San Lorenzo, une des équipes de foot de Buenos Aires, et aime le tango, nous apprend le Huffington Post. Un vrai Argentin, même si ses deux parents sont des immigrés de la région du Piémont, en Italie.

«Une figure de référence», mais critiquée

Dans son pays natal, c’est un «rassembleur de foules» et «une figure de référence», lit-on sur le Corriere della Sera. Considéré comme un conservateur, il n’a toutefois jamais approuvé une rigidité excessive, notamment en matière de sexualité.

En Argentine, il a été critiqué en raison de ses silences sur la dictature après le coup d’Etat de 1976, rappelle La Repubblica, qui évoque le livre du journaliste argentin Horacio Verbitsky, Breaking the Silence: the Catholic Church in Argentina and the "Dirty war". Il est accusé de ne pas avoir protégé deux jésuites qui travaillaient dans un bidonville de Buenos Aires, qui ont ensuite été enlevés. Le chef de file des évêques argentins a tout de même poussé l’Eglise à publier un mea culpa à l’occasion du 30ème anniversaire du coup d’Etat.

François est également le premier pape jésuite, ainsi que le premier pontife non européen. Et avait déjà fait partie des papabile les plus sérieux lors du conclave de 2005: d’après le Corriere della Sera, l’archevêque de Buenos Aires avait alors rassemblé «un nombre considérable de voix. Mais il se serait montré tellement abattu à l’idée du poids de sa charge qu’il aurait convaincu nombre de ses soutiens de laisser tomber». D’autres rumeurs suggèrent au contraire qu’il n’avait pas de réelles chances d’accéder au trône de Saint Pierre.

Pour Francesco Antonio Grana, qui livre son analyse sur Il Fatto Quotidiano, l’élection de l’ancien principal adversaire de Benoit XVI s’apparente en tout cas à «une claque» pour le pape émérite:

«Plus qu’un successeur de Benoît XVI, Bergoglio est le direct successeur de Jean-Paul II. Les 115 cardinaux électeurs démontrent ne pas avoir apprécié la démission du pape allemand.»

Le journaliste évoque aussi le drap affiché dans la loge centrale de la basilique du Vatican, qui ne présentait pas les armoiries de Benoît XVI, alors que Ratzinger avait choisi de montrer celles de son prédécesseur Jean-Paul II.

Sept points clés à l'agenda

L’autre question importante évoquée par la presse italienne concerne le nouvel agenda du Pape, pour lequel le site lettera 43 évoque sept points clés.

La réforme de la Curie tout d’abord, dossier ouvert depuis des années: pour le site, il ne s’agit pas que de problèmes structurels, mais aussi d’organiser l’Eglise de façon plus moderne. Deuxième point important: les lefebvristes. Que faire de ce courant qui n’est plus excommunié, mais n’est pas non plus intégré dans l’Eglise?

Le troisième dossier concerne la réforme de l'IOR, la banque du Vatican. Le nouveau pape devra trancher entre les partisans de la transparence et les défenseurs du secret d'Eglise.

Le pape François devra aussi s’attaquer à la reconquête des fidèles et au renforcement du dialogue interreligieux. Sans oublier le problème des scandales sexuels, qui ont considérablement entamé l’image du Vatican, et la question du jugement porté sur l’homosexualité et le mariage homosexuel.

M.N.

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