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Obama à Chicago: 2008 - 2012 (les larmes en moins)

Le 4 novembre 2008 à Chicago. REUTERS/Jim Young
Le 4 novembre 2008 à Chicago. REUTERS/Jim Young

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En novembre 2008, j'étais à Chicago. (Avec lui.) On était étudiants, on couvrait l'élection pour une chaîne panafricaine improvisée pour l'occasion.

Dans la ville ce soir-là, il y avait une sorte de tension, les gens étaient survoltés. D'un moment à l'autre, les Etats-Unis pouvaient changer –croyait-on. La fatigue face à Bush ajoutée à l'espoir incommensurable, celui d'être au seuil d'un monde nouveau, cela électrisait le pays.

Sur l'estrade face à la scène sur laquelle Obama allait parler, les journalistes retenaient leur souffle. Dans la foule compacte, l'excitation trompait le froid. Et puis la victoire a été annoncée.


Barack et Michelle Obama le 4 novembre 2008. REUTERS/Gary Hershorn

Cette nuit, quatre ans après, à Chicago, la scène, vue de la télé, était semblable. L'immense scène montée au milieu de la foule, tapissée de bleu. Michelle toujours de rouge vêtue, une nuance différente. Le même costume ou presque pour lui. Changement de cravate.


4 novembre 2008 - REUTERS/Jim Bourg; 7 novembre 2012 REUTERS/Kevin Lamarque

Ses cheveux sont plus gris, son visage un peu plus dur.

En 2008, le discours est éloquent. Dans la foule, Jesse Jackson est filmé en train de pleurer. Obama clame:

«S’il y a une seule personne ici qui doute encore que l’Amérique est un endroit où tout est possible, qui se demande toujours si le rêve de nos pères fondateurs est toujours vivant, qui doute toujours du pouvoir de notre démocratie, ce soir, vous avez la réponse. (...)

C’est la réponse qui a conduit ceux dont on a longtemps dit qu’ils étaient cyniques, craintifs et emplis de doutes sur ce qu’ils pouvaient accomplir, à se saisir de l’arc de l’Histoire et le bander à nouveau vers l’espoir de jours meilleurs.

Ce jour a mis du temps à venir, mais ce soir, grâce à ce que l’on a réalisé aujourd’hui durant cette élection, à ce moment précis, le changement arrive en Amérique.»

Cette nuit, après l'annonce de sa réélection, Obama a encore parlé d'espoir, annonçant que «pour les Etats-Unis d'Amérique, le meilleur est encore à venir». Il s'est dit «plus déterminé et plus inspiré que jamais».

Les milliers de supporters sont soulagés. Mais les larmes ne coulent plus comme en 2008. A l'époque, les regards ressemblaient à ça:


Pendant le discours d'Obama de 2008. REUTERS/Bobby Yip

Pendant le discours d'Obama de 2008. C.P.

Cette nuit à Chicago, Obama n'était plus qu'un président réélu, avec les impuissances qui y sont inhérentes, avec un bilan. Et l'assistance savait que le président réélu disait vrai en annonçant «des désaccords, parfois violents» sur la manière d'aller de l'avant.

«Comme depuis plus de deux cents ans, le progrès se fera par à-coups. Il n’emprunte pas toujours une route toute droite. Ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Le fait de reconnaître que nous avons des espoirs et des rêves communs ne suffit pas à lui seul pour sortir des impasses, ou résoudre tous nos problèmes, ni ne peut se substituer au minutieux travail d’élaboration de consensus et de difficiles compromis nécessaires pour faire avancer ce pays

En 2008, les gens criaient dans la rue, les inconnus s'embrassaient comme à la fin de Coup de Foudre à Notting Hill. Tout le monde voulait croire que si, des espoirs et des rêves communs ça pouvait suffir.

C.P.

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