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Romney-Obama: le dernier débat n'est pas vraiment sur la politique étrangère

Les quatre choses à savoir sur le dernier débat présidentiel de la campagne.

Barack Obama s'envole depuis la pelouse de la Maison Blanche pour rejoindre Camp David, le 19 octobre 2012. REUTERS/Jason Reed
Barack Obama s'envole depuis la pelouse de la Maison Blanche pour rejoindre Camp David, le 19 octobre 2012. REUTERS/Jason Reed

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Le dernier débat de la campagne présidentielle a lieu ce lundi 22 octobre à 21 heures, heure de la cote Est américaine (3 heures du matin heure française). Barack Obama et Mitt Romney s'affronteront à l'université de Lynn à Boca Raton (Floride). Nous le suivrons en direct, mais avant ça voici les quatre choses à savoir:

1. Un duel encore plus serré

Barack Obama n'a profité que d'un très léger rebond après le deuxième débat, où sa performance avait été jugée bien meilleure, mais pas aussi bonne que celle de Mitt Romney lors du premier. Selon la moyenne des sondages établie par le site RealClearPolitics, le président devance à peine son concurrent républicain (47,1% pour Obama contre 46,9% pour Romney), là où cette même moyenne donnait 0,1 point d'avance à Romney le 16 octobre, jour du deuxième débat.

Le président sortant dispose pour l'instant toujours d'un avantage dans le collège électoral, où si la moyenne actuelle des sondages se vérifiait, il remporterait 277 grands électeurs, soit 7 de plus que la majorité nécessaire pour l'emporter. Mais c'est 17 de moins que ce que les sondages lui prévoyaient avant le deuxième débat (294).

Et Romney est désormais légèrement devant en ce qui concerne les grands électeurs qu'il devrait remporter à coup sûr (206, contre 201 pour Obama), les 131 grands électeurs restants allant et venant au gré des sondages dans les différents swing states. Ces derniers jours, le candidat républicain a inscrit dans sa colonne «quasi-sûr» la Caroline du Nord (15 grands électeurs), est passé légèrement devant Obama dans le New Hampshire (4 grands électeurs) et a recollé au score en Virginie (13 grands électeurs).

2. Obama est meilleur en politique étrangère...

Dans le debate expectation game, le jeu qui consiste à faire baisser les attentes du public à son égard et les faire monter pour son rival, Obama part perdant: il a été jugé gagnant du deuxième débat, où il s'est montré beaucoup plus «réveillé» que lors du premier. Il a aussi pu profiter de la mauvaise réponse de Romney à une question sur la gestion par le gouvernement de l'attaque du consulat libyen qui a tué l'ambassadeur Christopher Stevens. 

La politique étrangère fait partie des points forts du président sortant, là où son rival a, en plus de sa sortie lors du débat, eu une réaction jugée très politicienne aux attaques contre des postes consulaires américains en Libye et en Egypte, et a fait des gaffes lors de sa tournée européenne cet été. Et les conseillers de Romney sont clairs sur le sujet: il sera presque impossible pour leur candidat de remporter le débat, affirment-ils à Politico.

Après une semaine de campagne, et les blagues échangées entre les deux candidats à un dîner de charité jeudi dernier, Barack Obama a passé les trois derniers jours avant ce débat à Camp David, lieu de villégiature des présidents américains près de Washington D.C., tandis que Mitt Romney se rendait déjà dans la ville de Boca Raton.

3. ...mais ce débat ne portera pas vraiment sur la politique étrangère

Officiellement, le débat de lundi a pour thème la politique étrangère américaine. Mais qu'importe la politique étrangère dans une élection qui se joue sur l'économie? Les médias américains s'attendent donc à voir les candidats réussir à relier la politique étrangère à ce qui se passe aux Etats-Unis, par exemple en abordant la politique commerciale des Etats-Unis avec la Chine et les effets de l'industrie chinoise sur l'industrie du Midwest.

Pour le stratège républicain Alex Castellanos, «ce n'est pas un débat de politique étrangère»:

«C'est le piège pour les deux candidats. Obama a son envie naturelle d'expliquer ce qu'il a fait en politique étrangère. Romney a envie de prouver qu'il est compétent dans ce domaine, et qu'il n'est pas qu'un businessman. Message aux deux candidats: laissez couler. Ne cherchez pas à compenser vos faiblesses avec la politique étrangère. Dites-moi comment vous vous y prendrez pour restaurer notre économie intérieure pour que nous puissions projeter la force américaine dans le reste du monde.»

Reste qu'on peut tout de même s'attendre à ce que Romney et Obama reparlent de l'attaque terroriste contre le consulat américain en Libye, et que le Républicain aura une nouvelle chance d'insister sur la gestion confuse de la sécurité des postes consulaires par le gouvernement.

Les candidats évoqueront probablement l'Iran, après un article du New York Times affirmant que Washington et Téhéran se sont mis d'accord sur le principe de négociations en tête-à-tête sur le programme nucléaire iranien, une information démentie par le gouvernement Obama.

D'après Politico, Obama devrait mettre en valeur ses promesses tenues, comme il l'a fait lors du deuxième débat en soulignant qu'il avait dit qu'il mettrait fin à la guerre en Irak, qu'il s'attaquerait à Ben Laden et al-Qaida, et qu'il opèrerait une transition hors d'Afghanistan. Romney devrait quant à lui présenter une vision optimiste du rôle des Etats-Unis dans le monde, et arguer que le pays ne peut se permettre un autre mandat où Obama «dirigerait depuis les lignes arrières».

4. Et le modérateur?

Le modérateur de ce dernier débat, Bob Schieffer, journaliste de CBS qui présente l'émission politique Face the Nation, se fait discret. Il n'a accordé presque aucune interview, au contraire de Candice Crowley la semaine précédente, qui a ensuite été mi-saluée mi-critiquée pour sa modération très active (elle a relancé les candidats, les a fact-checké en direct parfois... trop au profit de Barack Obama d'après les Républicains). 

On sait juste que Schieffer bachote la politique étrangère américaine depuis un mois, et qu'il compare –dans sa seule interview accordée à un journal local texan où il a travaillé– le poste de modérateur à celui d'arbitre:

«Les gens accordent trop d'attention aux modérateurs. On est comme les arbitres. On n'entend que les critiques de la part de l'équipe perdante.»

Comme le note Politico, Schieffer a déjà modéré des débats présidentiels, mais «jamais au milieu de tant de tensions, de confusions sur les règles, et de surveillance», et avec deux candidats particulièrement agressifs, d'après le modérateur du premier débat, Jim Lehrer.

Cécile Dehesdin

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