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Romney battu dans les sondages? Ses partisans les réécrivent pour le donner gagnant

De nombreux commentateurs et analystes républicains prétendent que les sondages d'intentions de vote sont biaisés en défaveur de leur candidat.

Mitt Romney le 17 septembre 2012 à Los Angeles. REUTERS/Jim Young.
Mitt Romney le 17 septembre 2012 à Los Angeles. REUTERS/Jim Young.

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Mitt Romney est dans un Etat proche de l’Ohio, il a le moral à zéro (ou du moins à moins huit, puisqu’un sondage paru mardi 25 septembre dans le Washington Post le donnait à 44% contre 52% contre Barack Obama dans cet Etat-clef). Les sondages nationaux lui attribuent en moyenne trois à quatre points de retard, et le statisticien du New York Times Nate Silver note que, depuis qu’ils existent, le candidat en retard fin septembre n’a réussi qu’une fois à remporter le vote populaire, en 1948.

Heureusement pour lui, les supporters du candidat républicain chaussent leurs propres lunettes pour lire les sondages. Dick Morris, un chroniqueur de la chaîne d’info conservatrice Fox News, explique ainsi qu’«en ce moment, Romney est dans une position très favorable. Je pense que si l’élection avait lieu aujourd’hui, il gagnerait de quatre ou cinq points. Il gagnerait la Floride, l’Ohio, la Virginie, je pense qu’il gagnerait le Nevada, la Pennsylvanie et qu’il serait au coude-à-coude dans le Michigan».

La «star» de ce genre d’analyses, ces derniers jours, est un blogueur républicain, Dean Chambers, qui tient un site appelé UnskewedPolls («sondages non biaisés»), auquel plusieurs médias américains ont consacré des articles. «Tous les sondages qui portent l’étiquette NBC, CBS ou ABC sont biaisés et commandés pour faire réélire le président», a-t-il expliqué à Buzzfeed. A Dave Weigel de Slate.com, il a affirmé qu’une réflexion sur les sondages «sera nécessaire après l’élection, quand les résultats auront prouvé qu’ils étaient très loin de la réalité».

Le blogueur qui croit au landslide pour Romney

Son argument: les échantillons des sondages sont biaisés car ils contiennent plus d’électeurs qui se déclarent de tendance démocrate que républicaine. Lui se fonde à l'inverse sur les chiffres de l’institut Rasmussen, de réputation conservatrice, selon qui, en août, près de 38% des Américains s'identifiaient comme républicains et plus de 33% comme démocrates.

En corrigeant les chiffres des sondeurs sur cette base, il arrive à une moyenne de huit points d’avance pour Romney en ce moment. Le 13 septembre, il prédisait même pour le site participatif The Examiner un possible landslide (raz-de-marée) républicain en cas de bonnes performances de Romney lors des débats et de vote massif des indécis en sa faveur: sa prédiction lui attribuait près de dix-sept points d’avance, un chiffre inédit depuis la réélection de Reagan en 1984…

Par rapport à Rasmussen, deux autres instituts respectés, Gallup et le Pew Research Center, donnent eux des chiffres d'identification partisane très différents, où la proportion de gens s’identifiant comme démocrates est supérieure de huit points à celle des gens s’identifiant comme républicains. Un chiffre logique pour le directeur du Quinnipiac University Polling Institute, interviewé par The Atlantic, et que l’universitaire David Karpf explique au Huffington Post par le fait que les électeurs du Tea Party s’identifient davantage comme indépendants.

J.-M.P.

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