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Il était une fois, quelque part en Afrique, une jeune femme déterminée à faire le bien autour d'elle. Lasse de la corruption des puissants, elle se lance alors –avec le soutien de sa famille et d'un ami d'enfance– dans une course folle pour faire entendre la voix des plus faibles. Ainsi pourrait-on résumer l'histoire de Dianké, podcast afroféministe proche du conte, produit par RFI.
Une histoire de pouvoir
Juste après avoir été licenciée pour avoir refusé qu'un des chauffeurs de sa société de transport ne verse un pot-de-vin à la police, la jeune Dianké Diallo –interprétée par la chanteuse et comédienne Aida Sock– poste une vidéo coup de gueule sur les réseaux sociaux: «J'ai été virée parce que la corruption est plus forte que la morale. La corruption nous coûte cher: je n'accepte pas que nos frères, nos époux, nos familles nous quittent sur des pirogues parce qu'ils ont le sentiment que leur pays les étouffe. Moi Dianké, je suis une femme, je reste et je me bats», y dit-elle.
La vidéo tourne sur le net et forge une petite réputation à Dianké. Alors qu'elle retourne dans sa ville natale pour assister à l'enterrement d'un père qu'elle n'a presque pas connu, elle est approchée par son grand frère Abbas Diallo, maire de la ville, pour participer à sa prochaine campagne électorale. D'abord séduite, la jeune femme déchante lorsqu'elle réalise que son frère est aussi corrompu que les autres.
Aidée par un ami d'enfance retrouvé, Lam Solo –interprété par l'acteur de théâtre Adama Diop et qui fait également office de narrateur à l'histoire–, Dianké décide de se présenter aux élections municipales. Devenue porte-voix des femmes, des agriculteurs et des étudiants dans une société patriarcale qui les méprise, la candidate défend un programme simple: mettre fin aux injustices et raviver le sentiment de citoyenneté des habitants. Mais faire campagne contre le système quand on est une femme dans un monde d'hommes n'a rien d'aisé...
Une fiction africaine
Tourné en grande partie en conditions réelles dans les rues de Dakar, à la façon d'un film, et avec un budget assez limité pour une série de douze épisodes, ce podcast séduit plus par son ambiance sonore réaliste et sa sublime musique signée Karim Bourouaha –récompensé d'un prix au Paris Podcast Festival 2020– que par le jeu de ses acteurs. Parfois hésitants, ils parviennent malgré tout à porter l'histoire écrite par le romancier et slameur sénégalais Insa Sané, qui fait alterner parties contées et parties dialoguées.
Si on regrette la répétition systématique du discours inaugural du narrateur et la présence pas tout à fait utile d'une histoire d'amour en toile de fond, on écoute tout de même avec plaisir cette très belle fiction où une femme noire remet en question l'ordre établi.
Produit en plusieurs langues par l'ONG sénégalaise RAES qui prône l'éducation par le divertissement et diffusé par RFI, ce premier podcast natif de fiction ouest-africain annonce un avenir prometteur pour le média sonore sur ce continent. Et beaucoup d'espoir pour les femmes qui, comme Dianké, diront: «Je serai à ma place partout où j'aurai décidé de l'être.»