Sciences / Life

Ce n’est pas la barbe qui est sexy, c’est sa rareté dans la population

Chez le hipster comme chez le poisson d'aquarium, les looks rares ont plus de potentiel érotique.

Brad Pitt, en août 2009 à New York. ERIC THAYER / Reuters
Brad Pitt, en août 2009 à New York. ERIC THAYER / Reuters

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Medical Press, Science News

Les hipsters considèrent qu’un groupe est cool tant qu’il est inconnu de la majorité de leurs contemporains, et arborrent des styles vestimentaires ou pileux qui détonent et les distinguent du reste de la population. Une étude publiée dans la revue Biology letter démontre que sur le plan de l’évolution de l’espèce, leur choix de s’écarter de la norme aurait des bases rationnelles car il pourrait les rendre plus séduisants.

L’équipe néo-zélandaise de Barnaby Dixson a voulu tester l’hypothèse selon laquelle des caractéristiques sont plus désirables quand moins de personnes les possèdent, explique le site Medical Press. Les chercheurs ont donc montré à des femmes des photos d’hommes: certains rasés, d’autres portant une barbe légère de trois jours, d’autres étant des barbus assumés.

Ils ont évidemment demandé à leur échantillon de noter l’attractivité physique des cobayes et se sont rendus compte que si les barbus étaient mieux notés quand ils étaient entourés d’hommes rasés, l’inverse était vrai. Ni le style rasé ni le style à la barbe fournie n’étaient jugés extrêmement attrayants pour eux-mêmes mais, placés dans un environnement où ils étaient l’exception, leur attractivité était légèrement supérieure…

«Dans certains cas, la rareté de l’ornement peut être avantageuse», écrivent les chercheurs, qui éclairent d’une manière nouvelle les processus de sélection des partenaires. Ce que résume avec humour l’un des chercheurs, Rob Brooks, sur Science News:

«Si vous vivez sur une base en Antarctique avec des hommes à barbe fournie, le premier type qui se rase sera probablement très attirant.»

Le règne animal fourmille d’exemples de ce type. Chez les petits poissons guppy, qui finissent souvent dans nos aquariums, les femelles préfèrent les mâles aux «looks» inhabituels par rapport aux autres guppys aux parures et couleurs plus fréquentes dans la population.

Guppy, William Warby via Flickr CC License By

Résumons: chez le poisson guppy comme chez l’urbain à barbe, ce n’est ni la couleur des écailles ni la longueur du poil qui feraient l’avantage, mais le fait que ces traits soient rares dans une population données de guppy ou de hipsters –même s'il s'agit plus dans le second cas de choix de style que de traits hérités.

Selon un spécialiste cité par Science News, cette étude n’apporte certes pas de révélation majeure sur le plan de l’évolution, mais elle fournit un bon exemple ludique selon une méthodologie rigoureuse de ce qu’on appelle en jargon évolutionniste la sélection fréquence-dépendante négative. Alors que la domination des meilleurs gènes d’un point de vue reproductif devrait faire disparaître les variations rares et converger vers un modèle unique d’individu, note le site Science News, des caractéristiques atypiques se perpétuent dans l’espèce, donnant à ceux qui les portent un avantage puisqu’elles les distinguent de la masse.

L’étrangeté ou l’écart vis-à-vis de la moyenne et de la norme a aussi sa place dans ces processus de sélection.

Il s’agit aussi d’un résultat intéressant du point de vue de l’étude de la mode humaine: si un trait rare devient à la mode, et que la majorité des hommes ou des femmes l’adoptent, sa désirabilité peut diminuer... Donnant à nouveau l’avantage aux styles atypiques, et ainsi de suite.

Les hipsters avaient raison? Peut-être. Mais il faut émettre une réserve quant à cette théorie du rare-est-forcément-cool. «Certaines choses ne seront jamais attrayantes, quel que soit leur niveau de rareté», prévient Rob Brooks. Chacun en tirera les conclusions qui s’imposent.

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