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Les idées du CESE: réformer la date de péremption, mieux tracer le surimi ou sauver les tomates anciennes

<a href="http://tinyurl.com/nlwfhwx">Eggs</a>/ George M. Groutas via Flickr CC<a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">Licence By</a>
Eggs/ George M. Groutas via Flickr CCLicence By

Temps de lecture: 3 minutes - Repéré sur Conseil économique, social et environnemental

Cette semaine, le Conseil économique, social et environnemental (CESE, une assemblée composée de «forces vives», à fonction consultative) a adopté à l’unanimité un avis visant à améliorer le contenu de nos assiettes, «alors que 6 millions de Français sont en situation d’insécurité alimentaire». Le rapport, intitulé «Favoriser l’accès pour tous à une alimentation de qualité, saine et équilibrée», entend donner des pistes, sans se contenter de reprendre le déjà dit et redit.

Réformer la date de péremption

Parmi les préconisations, le CESE propose d’améliorer l’étiquetage pour diminuer le gaspillage alimentaire et de plancher sur une éventuelle suppression de la DLUO (date limite d’utilisation optimale: si on dépasse cette date, on peut éventuellement constater des altérations de saveur ou d’odeurs par exemple) pour ne garder que la DLC (date limite de consommation: là, dépasser cette date est censé être risqué pour la santé). Pour lever toute ambiguïté ou confusion, il s’agirait de garder la DLC, uniquement pour les produits «qui le justifient, c’est à dire ceux qui à une échéance à déterminer sont susceptibles de présenter un risque véritable pour la santé des consommateurs ». Des œufs, de la viande par exemple, mais pas des paquets de pâtes, qui peuvent être consommés bien des années après leur production, sans risque.

Feu vert, feu rouge ?

Selon le CESE, il serait aussi nécessaire de mettre en place un étiquetage nutritionnel plus simple et facile à comprendre, en expérimentant par exemple la généralisation les feux tricolores (feu rouge = beaucoup de gras ou de sucre), non pas pour «signaler un produit comme néfaste», mais pour pouvoir combiner des produits complémentaires. Ces codes, déjà utilisés au Royaume-Uni, ne mettent pas tout le monde d’accord, à cause de leurs potentiels effets culpabilisants et arbitraires.

Créer un observatoire européen

Le CESE propose aussi de créer un «observatoire européen sur la qualité de l’alimentation». Ce qui ne serait pas du luxe pour suivre et étudier les produits qui transitent entre plusieurs produits d’Europe (l’histoire de la viande de cheval, ça vous rappelle quelque chose ?).

Interdire des produits

Bannir «les produits non conformes aux principes de la nutrition», c’est possible ? Il ne s'agirait pas de supprimer la junk food, mais de «fixer des teneurs cibles à atteindre par type de produits». Donc fixer des plafonds de sel, sucres, graisses etc., et changer les techniques et les recettes dans une longue phase de transition. Mais comment réagiraient les industries agro-alimentaires?

Plus de traçabilité

On en parle beaucoup depuis le horsegate, le rapport propose des mesures précises comme mieux indiquer le contenu des produits reconstitués (du genre suimi ou jambon qui peuvent être fabriqués avec des morceaux provenant de bien des animaux différents…), mieux encadrer les produits vendus en vrac sur les marchés présentés comme artisanaux et locaux (les olives, les biscuits secs…), ou simplement mieux expliquer la signification des chiffres imprimés sur les oeufs, avec une légende toute simple sur les boîtes.

Repenser les campagnes de sensibilisation

Les campagnes du PNNS ne sont pas toujours efficaces (ou servent du moins à une prise de conscience, mais n’ont pas forcément d’impact sur les comportements). Peut-être qu’il faudrait alors mieux adapter les campagnes aux publics visés, «en intégrant les centre d’intérêt et les préoccupations» de chacun. Il faudrait aussi éviter les messages culpabilisants (et donc contre-productifs), pour préférer les campagnes «porteuses de messages positifs mettant en avant des dimensions comme la création de liens sociaux ou encore le bien-être que peut procurer l’alimentation, en termes par exemple d’amélioration de l’estime de soi et de son corps». Autrement dit, ne pas dire aux ados que le Big Mac, c'est mal, mais leur expliquer surtout que manger, c'est cool. 

Moins de chips dans ta télé

Comme on ne voit plus de cow-boys fumer des clopes dans les dessins animées, le CESE s’interroge: éviter les scènes où l’on voit des gens qui se bourrent de chips et de bonbons dans les dessins animées et les séries serait peut-être un moyen d’éviter un «processus d’imitation, voire d’identification» des plus petits.

Sauver les vieux légumes

Dans le cadre de la lutte «contre la standardisation» et de la préservation du goût des aliments, il faudrait «encourager largement la diffusion de véritables variétés anciennes, notamment au travers de pratiques traditionnelles d’échanges entre producteurs, conservatoires de graines et jardinier, pour participer à la sauvegarde d’une diversité indispensable» Une diversité qui se heurte à certains obstacles… Et ce, sans récupération commerciale (tomates anciennes à 10 euros le kilo par exemple), ce qui n'est pas forcément gagné.

Ces idées, parmi beaucoup d’autres (citons encore «rendre les contrôles plus opérants» ou  «améliorer l’éducation nutritionnelle» à l’école…) sont donc des pistes, des conseils qui n’ont aucune valeur obligatoire. Reste donc à savoir ce qu’en feront le gouvernement et le Parlement. 

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