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«Facebook va perdre 80% de ses utilisateurs entre 2015 et 2017»: ne croyez pas cette info

<a href="http://www.flickr.com/photos/andreasivarsson/7244169122/">Andreas Ivarsson</a> via Flickr CC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">Licence By</a>
Andreas Ivarsson via Flickr CC Licence By

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Arxiv, Time

Vous allez probablement quitter Facebook entre 2015 et 2017, et vos amis aussi. C’est ce qu’explique une étude de deux chercheurs de Princeton, publiée dans la revue Arxiv, et qui soutient que Facebook va perdre 80% de ses utilisateurs entre 2015 et 2017. John Cannarella et Joshua A. Spechler ont utilisé les modèles statistiques de l’épidémiologie pour analyser l’ascension et le déclin (la contagion et la guérison) du réseau social américain.

Pourtant, cette analyse est biaisée.

Pour obtenir les statistiques d’utilisation de Facebook, les deux chercheurs ont utilisé Google Trends, en confrontant leur résultat avec MySpace. MySpace, soit le réseau qui a connu le cycle complet: ascension, avec son lancement en 2003; pic, en 2005, avec le rachat par NewsCorp pour 580 millions de dollars; et déclin, avec en 2011 un rachat à hauteur de 35 millions de dollars. 

Premier problème: lorsque MySpace était au top, il n’y avait pas encore de smartphone, et tout passait par Google. Aujourd’hui, la moitié des utilisateurs se connectent sur Facebook avec leur appareil mobile, depuis l’application dédiée. Autrement dit, la recherche par Google Trends n’est pas représentative des modes d’utilisation de Facebook.

Les autres problèmes liés à cette étude (déjà relayée par de nombreux site, dont le Time américain) tiennent à la nature de la revue dans laquelle elle a été publiée, et à celle de leurs auteurs. Arxiv n’est pas une revue à comité de lecture. Ce qui ne veut pas dire qu’on y écrit n’importe quoi (il existe un système de modérateur, qui s’appliquerait moins pour les auteurs venant d’institutions académiques reconnues), mais simplement que le système d’évaluation par les pairs considéré, malgré ses limites, comme la base de crédibilité d’une revue scientifique, n’y est pas appliqué.

Le troisième problème tient à la nature des auteurs, John Cannarella et Joshua A. Spechler, dont l’appartenance à l’université de Princeton semble faire autorité. Mais le hic, c'est qu’ils appartiennent au département de mécanique et d’ingénieurie aérospatiale, dont on a du mal à voir en quoi il peut faire autorité concernant l’épidémiologie ou les réseaux sociaux. Et comme l’a fait remarquer, avec un peu de mauvais esprit, le site Technorati, «ces gars-là ne sont même pas sur Twitter».

Malgré les limites de cette étude, il est indéniable que Facebook perd une partie de son public. En effet, et comme Slate.fr l’avait relayé, les jeunes se retirent de plus en plus du réseau social de Marc Zuckerberg, investi par leurs parents, cela au profit d’autres applications jugées plus cool, comme Snapchat ou Instagram (qui, relève Digital Trends, «grossit plus vite que Twitter, Facebook et Pinterest réunis»).

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