Santé / Life

Les gros ont-ils moins froid en hiver?

C'est compliqué...

Un nageur saute dans les eaux partiellement gelées du fleuve Songhua à Harbin, dans la province d'Heilongjiang en Chine le 28 décembre 2013. REUTERS/Sheng Li
Un nageur saute dans les eaux partiellement gelées du fleuve Songhua à Harbin, dans la province d'Heilongjiang en Chine le 28 décembre 2013. REUTERS/Sheng Li

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Popular Science, The Gadsden Times, The New York Times

Parmi les idées reçues autour du corps humain que l'on répète sans vraiment savoir d'où elles viennent ni si elles sont vraies, il y a celle selon laquelle les gros auraient moins froid en hiver parce que leur graisse les protégerait contre les basses températures. Le journaliste américain Daniel Engber, par ailleurs contributeur de Slate.com, a décidé de vérifier la véracité de cette affirmation dans un article pour le magazine de vulgarisation scientifique Popular Science.

Le résultat décevra les lecteurs à la recherche d'une réponse définitive, et se résume ainsi: ça dépend. D'un côté, plusieurs études ont montré que dans certaines conditions bien précises, les personnes plus grosses semblaient avoir un avantage face au froid. C'est ainsi qu'en étudiant les participants à une course de natation en plein air dans une eau froide en Australie, des chercheurs ont conclu que les nageurs ayant un indice de masse corporel plus élevé risquaient beaucoup moins l'hypothermie.

Mais dans certaines conditions, les personnes en surpoids peuvent en fait avoir plus froid que les personnes avec un poids moyen:

«Le cerveau combine deux signaux, la température à l'intérieur du corps et la température à la surface de la peau, pour déterminer quand il est temps de serrer les vaisseaux sanguins (ce qui limite la perte de chaleur à travers la peau) et de déclencher les frissons (qui génèrent de la chaleur). Et comme la graisse sous-cutanée piège la chaleur, la température intérieure d'une personne obèse restera élevée tandis que sa peau refroidit. Selon Catherine O'Brien, une chercheuse en physiologie à l'institut de médecine environnementale de l'armée américaine, il est possible que cette température de la peau plus basse donne aux personnes plus grosses une impression générale de froid.»

O'Brien souligne que de nombreux autres facteurs entrent en jeu, comme la taille: les petits ont plus de surface de peau proportionnellement à leur volume total et perdent donc de la chaleur plus vite. Les muscles, qui génèrent beaucoup de chaleur, sont aussi une bonne protection contre le froid.

La question intéresse le public et les scientifiques depuis longtemps, comme en témoigne cet échange dans un journal local de l'Alabama daté du 27 août 1979 entre une lectrice persuadée que les gros ont toujours plus froid et un médecin lui expliquant qu'elle se trompe et que «la température de la peau n'est pas un indicateur fiable de la température corporelle».

Plus récemment, des chercheurs de l'université de Sherbrooke au Québec ont découvert qu'un type de graisse du corps humain, appelée graisse brune, «peut brûler une quantité significative d'énergie déjà stockée dans d'autres graisses lorsque le corps est exposé au froid» et donc produire de la chaleur. Manque de chance, les gros ont moins de graisse brune que les maigres. Décidément, la réponse à la question est loin d'être simple.

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