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Non, être nul en maths n'est pas génétique

Un cours de mathématiques dans une école du village russe reculé Bolshie Kutora, à 440 kilomètres à l’ouest de Moscou, le 14 mars 2012. REUTERS/Vasily Fedosenko
Un cours de mathématiques dans une école du village russe reculé Bolshie Kutora, à 440 kilomètres à l’ouest de Moscou, le 14 mars 2012. REUTERS/Vasily Fedosenko

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Quartz, NCBI

«Je ne suis pas un matheux.» Qui n’a jamais entendu un collègue, un membre de sa famille ou un camarade de classe lancer cette affirmation, souvent suivie d’explications du genre «mon cerveau n’est tout simplement pas fait pour les maths»?

Cette croyance largement répandue selon laquelle certains d’entre nous sont nés avec un esprit matheux et d’autres non est pourtant une idée fausse et dangereuse qui pénalise les enfants les moins favorisés dans leur parcours scolaire et académique, écrivent Miles Kimball et Noah Smith, respectivement professeurs d’économie et de finances, sur le site Quartz.

Bien sûr, il y a comme dans beaucoup de domaines une petite part de génétique en jeu: vous aurez beau vous entraîner toute votre vie, vous n’atteindrez jamais le niveau d’Albert Einstein ou du mathématicien surdoué Terence Tao dans cette matière. Mais personne n’a besoin d’atteindre ce niveau-là.

En revanche, pour ce qui est du niveau de mathématiques requis pour avoir le bac, tout ce dont vous avez besoin est de travail, de préparation et de confiance en vous. Les deux professeurs expliquent comment leurs expériences d’enseignement les ont confortés dans cette idée:

«1. Des enfants différents avec des niveaux de préparation différents arrivent en cours de maths. Certains ont des parents qui les ont entraînés en maths depuis leur plus jeune âge, d’autres n’ont jamais eu ce soutien parental.

2. Au premier test, les enfants bien préparés ont des notes parfaites, les autres se débrouillent en improvisant et réussissent entre 80% et 85% des exercices.

3. Les enfants non-préparés, qui ne réalisent pas que ceux qui ont eu des notes parfaites étaient préparés, en déduisent que la génétique a déterminé la différence de performance. Ils décident qu’ils ne sont pas des “matheux”, arrêtent de faire des efforts et se font larguer.

4. Les enfants bien préparés, qui ne réalisent pas que les autres n’étaient pas préparés, en déduisent qu’ils sont des «matheux», travaillent dur et confortent leur avantage.

L’idée selon laquelle les capacités en mathématiques ne peuvent changer est donc une prophétie auto réalisatrice.»

Ce genre de croyance n’est sans doute pas étranger à l’apparition de préjugés tenaces comme celui concernant le niveau supposément plus faible des filles en mathématiques, que certains professeurs intériorisent eux-mêmes. Plus généralement, l’idée selon laquelle l’intelligence serait principalement génétique a été démontée dans de nombreuses études.

En 2007, des chercheurs en psychologie de l’université de Columbia ont montré que les étudiants convaincus que l’intelligence n’était pas figée et pouvait s’améliorer avaient de meilleures notes, et qu’en convaincant des étudiants pauvres et issus des minorités que l’intelligence est hautement malléable et peut être développée par le travail, ceux-ci travaillent plus et ont de meilleures notes.

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