Sciences / Life

Le sexe jusqu'à la mort: l'étrange comportement suicidaire du Antechinus agilis mâle

Les mâles d'une espèce de marsupiaux vivant en Australie meurent tous après l'accouplement.

Un Antechinus agilis, marsupial d'Australie. Photo: Michael Sale - Creative Commons
Un Antechinus agilis, marsupial d'Australie. Photo: Michael Sale - Creative Commons

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Pnas, The Land

Mortel, le sexe? Pour une espèce de petits marsupiaux d’Australie, il ne s’agit pas d’un accident de luxure, mais bien d’un processus systématique. Une équipe de chercheurs dirigée par Diana Fischer, de l’université du Queensland, s’est penchée sur ce phénomène de reproduction suicidaire et apporte une explication dans un article publié dans la revue Pnas.

Pour les chercheurs, l’évolution n’aurait sélectionné ce comportement que dans quatre genres de mammifères. L’Antechinus agilis en fait partie. L’animal se nourrit d’insectes et de petits lézards. Or, il semble que ce soit justement l’alimentation qui, au fil du temps, ait conduit à l’épuisement sexuel des mâles.

Les chercheurs australiens notent une augmentation du degré de prédictibilité du pic de nourriture disponible, c’est-à-dire de la quantité d’insectes, dans l’habitat des marsupiaux. Simultanément, la période de reproduction s’est fortement raccourcie. D’où l’hypothèse d’une adaptation des femelles qui ont programmé le paroxysme de leur demande sexuelle avec le moment où la nourriture est la plus abondante.

Dur, dur pour les mâles. Qui dit plus courte période de reproduction dit compétition plus rude entre eux. Les mâles ont ainsi consacré de plus en plus d’énergie à la copulation. Dans le journal australien The Land, Diana Fischer explique que les Antechinus mâles multiplient les partenaires et que leur sessions d’accouplement peuvent durer de 12 à 14 heures...

Ce comportement est provoqué par une forte élévation de production d’hormones comme la testostérone qui engendre une augmentation des hormones de stress. Au point de dégrader certains tissus et de détruire le système immunitaire. Résultat: les mâles meurent après la période d’accouplement.

Diana Fischer et ses collègues ont comparé les comportements reproductifs de 52 espèces de marsupiaux dans différentes régions de Papouasie-Nouvelle-Guinée, d’Amérique du Sud et d’Australie. C’est ainsi qu’ils ont détecté le lien entre la reproduction suicidaire des mâles et la fluctuation de la disponibilité de la nourriture. Les femelles font en sorte de mettre bas au moment précis où elles ont le plus de chance de pouvoir nourrir leur progéniture. Le problème, c’est qu’elles agissent ainsi toutes en même temps. D’où une compétition féroce entre les mâles.

La stratégie des femelles ne s’arrête pas là. Elles recherchent en effet aussi l’accouplement avec plusieurs mâles afin de mettre le sperme en compétition. Une double sélection en somme qui assure la meilleure qualité possible pour la progéniture.

Tous les marsupiaux insectivores ne sont pas parvenus à un tel sacrifice des mâles sur l’autel de la reproduction. Mais, d’après les chercheurs, nombre d’entre eux survivent peu de temps après la période d’accouplement. Leur longévité dépend de l’état de leur système immunitaire après les périodes de copulation frénétique. Preuve que, chez certaines espèces, ce ne sont pas les mâles qui dictent la loi.

M.A.

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