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Après cinq jours de débats internes intenses, et quelques nuits semble-t-il, le Giec a publié vendredi 27 septembre la partie scientifique de son 5e rapport. Avec un message fort et simple: «L’influence de l’homme sur le système climatique est claire». L’important est, visiblement, de trancher la controverse avec les climatosceptiques qui militent pour un phénomène naturel lié aux variations de l’activité du soleil ou à l’effet de la couverture nuageuse.
En analysant les travaux des scientifiques au cours des six dernières années, le Giec juge que les nouvelles données enregistrées tout comme l’amélioration des modèles de simulation climatique confirment ses précédentes conclusions. Pour lui, le lien activités humaines –émissions de CO2– réchauffement climatique est désormais établi.
On peut considérer que c’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne parce l’homme conserve le pouvoir d’infléchir le phénomène. S’il produit moins de CO2, le réchauffement pourrait rester limité à moins de 2°C. La mauvaise nouvelle, c’est qu’un tel scénario est pour le moins improbable. Seule la crise économique mondiale de 2008 a conduit à une réduction sensible des émissions.
L'atlas publié par le GIEC dans son cinquième rapport scientifique montre les variations de température à la surface du globe entre 1901 et 2012.
Pour rester en dessous de 2°C d’augmentation de la température moyenne du globe en 2100 par rapport à la période préindustrielle (1861-1880), il ne faudrait pas dépasser les 1.000 gigatonnes d’émission totale de CO2. Or, note le rapport, près de la moitié (entre 460 et 630 gigatonnes) ont déjà été émises. Etant donné la croissance régulière des émissions, on voit mal comment atteindre cet objectif.
A moins que... L’une des grandes questions posées pendant la conférence de presse de vendredi a, comme l’on pouvait s’y attendre, concerné la pause dans le réchauffement climatique observé depuis 15 ans. Le rapport confirme que le taux de réchauffement a été réduit à 0,05°C par décennie entre 1998 et 2012 contre 0,12°C par décennie entre 1951 et 2012. Soit un brusque quasi stabilisation que les modèles ne peuvent pas, pour l’instant, expliquer.
Le rapport attribue ce phénomène à la «variabilité naturelle» de l’évolution du climat. En d’autres termes, il ne s’agirait que d’une anomalie temporaire qui ne remet pas en cause la tendance sur une plus longue période. Suivant ce scénario, le réchauffement devrait reprendre après quelques années de pause. Combien d’années? C’est toute la question.
Thomas Stocker, directeur du groupe de travail n°1 qui a publié le rapport actuel, a été interrogé à plusieurs reprises sur ce point pendant la conférence de presse. Il a qualifié la question «d’émergente, intéressante et difficile» et reconnu que les scientifiques n’ont pas encore de réponse. Néanmoins, il a souligné que cette durée de 15 ans n’est pas significative d’un changement de tendance. Pour que les modèles actuels soient remis en question, il faudrait que la pause dure... 30 ans.
Pour étayer ce jugement, le Giec se réfère à l’évolution de la température par décennies. Aujourd’hui, on constate que les trois précédentes décennies ont été les plus chaudes depuis 1850. De même, logiquement, pour les 30 dernières années. De plus, le calcul dépend fortement des bornes de la période considérée. Partir de 1998, année d’un phénomène El Niño puissant, introduit un biais. Un constat en contradiction avec l’appréciation de Thomas Stocker car il suggère que la question de la pause de 15 ans n’est pas si «intéressante» que cela.
M.A.