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«Bon flic, mauvais flic»: oubliez cette technique d’interrogatoire, voici ce qui marche vraiment

A Paris, le 20 juillet 2010. REUTERS/Benoit Tessier
A Paris, le 20 juillet 2010. REUTERS/Benoit Tessier

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Research Digest, University of Portsmouth, University of Maryland

La technique d’interrogatoire du «bon flic, mauvais flic» consiste à souffler le chaud et le froid sur la personne interrogée, qui déstabilisée, finit par lâcher des aveux circonstanciés au gentil flic pour éviter la colère du méchant. Oubliez tout ça, c’est du folklore pour scénariste qui a tapé «idées de scénarios à la con» dans Google.

La psychologue Samantha Mann de l’université de Porsmouth a observé les effets du comportement du second policier lors d’un interrogatoire, celui qui prend les notes. Plus de cent personnes ont participé à l’étude parue en septembre dans la revue Legal and criminal psychology: dans un premier groupe, les personnes interrogées devaient répondre à des questions sur un de leurs ex-emplois. Dans le second, les cobayes devaient mentir, et parler d’un job qui n’avait jamais existé.

Voici comment cela s’est passé: une enquêtrice au ton neutre menait l’interrogatoire, avec un second enquêteur chargé de prendre des notes. Dans chaque expérience, le second flic, mutique, était soit neutre (aucune réaction lors de sa prise de notes), soit amical (souriant et approuvant avec la tête), soit suspicieux (fronçant les sourcils et secouant la tête pour bien montrer son scepticisme).

Les résultats vont à l’encontre des idées reçues autour de l’efficacité des techniques d’interrogatoires «musclés». Dans le groupe «vérité», les réponses étaient plus nourries et détaillées en présence du flic «sympathique». En créant une atmosphère rassurante, les enquêteurs encourageaient les personnes interrogées «honnêtes» à s’ouvrir davantage, ce qui permettait donc de repérer les menteurs, en raison du manque de détails qu’ils donnaient.

Seconde idée reçue démontée par l’équipe de Samantha Mann: et non, les menteurs ne fuient pas le regard de leur interrogateur. Au contraire, constate l’équipe, les menteurs regardent l’enquêtrice principale dans les yeux «plus souvent» que ceux de bonne foi.

«Les menteurs tiennent leur crédibilité pour moins acquise que ceux qui disent la vérité, ils ont donc une volonté plus forte d’être convaincants. Ils cherchent donc le regard de l’enquêteur pour tenter de savoir s’il est les croit.»

Une synthèse de la littérature scientifique sur les techniques d’interrogatoires publiée en novembre 2012 par l’université du Maryland rappelle que les indices comportementaux ont des résultats relativement faibles sur la détection du mensonge.

«Aucun indice non verbal n’indique à lui seul la tromperie, mais la probabilité de tromperie augmente lorsque un faisceau d’indicateurs non-verbaux est présent.»

Pour le blog scientifique le Research Digest, il est important de rappeler les dangers d’extrapoler ces résultats dans la vie quotidienne, et d’en tirer des conclusions hâtives. La psychologie n’est pas une science exacte, seuls les faits permettent de connaître la vérité. D’autant que cette enquête a été menée sur des mensonges dont les enjeux sont très faibles.

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