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Selon une étude, l'emploi à vie rend les profs moins bons

Un amphithéâtre de l'université Bordeaux-I. REUTERS/Regis Duvignau
Un amphithéâtre de l'université Bordeaux-I. REUTERS/Regis Duvignau

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Wall Street Journal, Chronicle of Higher Education

Selon une étude publiée par le National Bureau of Economic Research par une équipe de la Northwestern University (Chicago), les professeurs d’université non titulaires seraient de meilleurs enseignants que les professeurs titulaires qui ont le statut de «tenure», c’est-à-dire un droit contractuel à garder leur emploi à vie, comme l’explique le Wall Street Journal.

Plus précisément, l’étude s’est penchée sur les premiers contacts des étudiants de première année avec une discipline, et en ont conlu qu’il existait «des preuves consistantes que les enseignants non titulaires sont meilleurs que les professeurs titulaires dans les cours d’introduction» à la discipline concernée, précise le Chronicle of Higher Education. Les étudiants ayant eu un prof non titulaire étaient alors plus enclins à prendre un autre cours dans la même discipline.

Aux Etats-Unis, le parcours que doit emprunter le futur enseignant-chercheur s’il espère avoir un jour un emploi à vie est le suivant: après son doctorat, il entame un post-doctorat et, ensuite, peut obtenir un poste d’assistant. C’est là que débute la «tenure track», qui est une titularisation conditionnelle comme l’explique très bien le blog universitaire JMF’s Blog, qui se demande si la notion de «tenure professor» est traduisible en français.

«En général, poursuit le blog, il est prévu une période de 6 ans maximum pour obtenir la tenure (titularisation). Les critères sont très explicites et il y a une voie de recours.» Ces critères concernent l’aptitude à enseigner, à mener des recherches et à attirer des crédits.

Cette classe de professeurs titulaires représentait environ 60% du personnel en 1975, et la moitié en 2009. Le même blog poursuit qu’een France aussi «on trouve, en nombre croissant, des personnels précaires qui bénéficient de contrats, publics ou privés, éventuellement reconductibles».

Pour les auteurs de l’étude, cette évolution vers plus de contrats d’enseignement à plein temps (car ces non titulaires ne font pas de recherche) pourrait être une bonne chose.

Ces résultats sont-ils un appel à la précarisation des enseignants pour le bénéfice éducatif des étudiants? Non, car les profs «précaires» de la Northwestern university ne correspondent pas au stéréotype de l’enseignant qui galère et multiplie les contrats à temps partiel dans plusieurs universités pour s’en sortir, précise le Chronicle.

Selon l’un des auteurs de l’étude, David Figlio, l’une des explications de la meilleure performance des non titulaires est la suivante: pour obtenir un poste de titulaire, mieux vaut être médiocre enseignant et excellent chercheur que l’inverse. La solution pourrait ainsi être selon lui d’embaucher des «tenure-track» spécialisés dans la recherche, et des enseignants aux activités plus centrées sur… l’enseignement.

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