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L'impuissance de la France face à la pollution de l'air

Malgré 40.000 victimes par an, les plans d'urgence se succèdent sans résultats. La France risque une forte amende de l'Europe. En attendant, le nouveau Ballon de Paris mesure les dégâts.

Le Ballon de Paris, parc André Citroën affiche les taux de pollution fournis par Airparif et réalise des analyses in situ en temps réel. Photo : M.A.
Le Ballon de Paris, parc André Citroën affiche les taux de pollution fournis par Airparif et réalise des analyses in situ en temps réel. Photo : M.A.

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La lutte contre la pollution atmosphérique patine. Aujourd'hui, les experts de l'Institut de veille sanitaire, tout comme le ministère de l’Environnement, estiment qu'environ 40.000 personnes meurent prématurément, chaque année en France, en raison de la mauvaise qualité de l'air qu'elles respirent. Elles seraient de l'ordre de 400.000 par an en Europe. L'Europe qui stigmatise la situation française. Dès l'an prochain, la France encourra une pénalité de 240.000 euros par jour si elle continue à ne pas respecter les normes européennes sur la limitation des particules PM10, c'est-à-dire de taille inférieure à 10 microns. Plus les particules sont fines, plus elles sont dangereuses pour la santé car elles pénètrent plus profondément dans les poumons. 

Ainsi, alors qu'il est de bon ton de stigmatiser les pays en développement comme la Chine ou l'Inde comme champions des pollueurs, voici que la France ne parvient pas à respecter les normes européennes... Pourtant, dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet avait tenté de prendre des mesures en instaurant une série de zones d’actions prioritaires pour l’air (Zapa) issues du Grenelle 2. «Il s’agit pour les collectivités volontaires d’expérimenter pendant au moins trois ans le recours à l’interdiction permanente ou temporaire de la circulation des véhicules les plus polluants», écrivait la ministre sur son blog en avril 2011.

Paris, Lyon, Nice, Clermont-Ferrand, Grenoble, Saint-Denis et Aix-en-Provence ont alors expérimenté le principe des Zapa. Résultat catastrophique des études de faisabilité. En septembre 2012, la nouvelle ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, supprime les Zapa car elle estime que les «restrictions [de circulation] aboutiraient à une injustice sociale et ne seraient pas efficaces». Près de 18 mois de perdus, sans compter les dépenses en études.

12 millions de Français

Cinq mois plus tard, le 6 février 2013, Delphine Batho lance un «plan d’urgence pour la qualité de l’air» après avoir constaté que «près de 12 millions de Français ont vécu dans des zones n’ayant pas respecté les valeurs limites annuelles relatives aux particules PM10». Pas moins de 36 mesures sont ainsi préconisées par ce plan. Toutes sont frappées au coin de l’impuissance du gouvernement face aux collectivités locales. Il s’agit de «définir le covoiturage» et inviter les agglomérations à développer des aires de covoiturage. Promouvoir des facilités d’accès aux véhicules de marchandises propres. Inciter au «retrofit» des véhicules existants. Accompagner les mesures de restriction de circulation en période de pollution par une adaptation de l’offre de transport public. Et ainsi de suite. De bonnes résolutions... à prendre par les collectivités locales.

En pleine crise d’une industrie automobile française qui a misé à fond sur le diesel avec la bénédiction des gouvernements précédents, on imagine mal des mesures contraignantes. Et la chute des ventes de voitures ne favorisera pas la modernisation du parc, moyen pourtant efficace de réduire les émissions. Sans parler des transports publics saturés. Et on attend toujours l’électrification des bus et des flottes de véhicules de l’administration et autres voitures de fonction. L’exemple fonctionne souvent mieux que des incantations destinées à d’autres.

Faute de la réduire, il est possible de se faire une idée du degré de pollution atmosphérique à Paris en se rendant au parc André-Citroën. Le nouveau Ballon de Paris, réalisé avec Generali, vient d’y être inauguré. Des diodes de couleurs différentes s’allument sur le ballon lui-même (voir vidéo ci-dessous) en fonction des données fournies par les stations de mesure d’Airparif, l’association chargée de ces relevés. Une association...

Un système d’analyse par laser des particules présentes dans l’atmosphère locale est installé sur le ballon lui-même. Il fournit la quantité mais aussi la nature chimique de ces particules en fonction de l’heure de la journée et de l’altitude jusqu’à 100 mètres.

Sur les courbes, il apparaît nettement que le pic de pollution quotidien se situe le matin vers 9 heures et qu’il est supérieur à celui du soir. Un conseil si vous allez travailler en voiture à Paris: partez tôt et rentrez tard. Vous travaillerez plus et vous y gagnerez en qualité... d’air.


Science Publique 3 mai 2013 : Qualité de l'air... par franceculture

M.A. 

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