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PSG-Barcelone, 18 ans après: ce qui a changé en chiffres

Plus de joueurs étrangers, un écart de budget en hausse, un prix des places doublé, un classement UEFA chamboulé... Les deux clubs s'affrontent en quart de finale de la Ligue des champions dans un contexte transformé.

David Ginola et Albert Ferrer lors de PSG-Barcelone au Parc des Princes, le 15 mars 1995. REUTERS
David Ginola et Albert Ferrer lors de PSG-Barcelone au Parc des Princes, le 15 mars 1995. REUTERS

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Ce mardi 2 avril à 20h45, le Paris Saint-Germain renoue avec les très grands rendez-vous européens en affrontant le FC Barcelone, considéré par beaucoup comme la meilleure équipe de football de ces dernières années, en quarts de finale de la Ligue des champions.

Une rencontre qui fait ressurgir chez les amateurs de football les images des confrontations entre les deux clubs au plus haut niveau européen dans les années 1990, et notamment celles du double affrontement au même stade de la compétition en 1995, au cours duquel l’équipe parisienne avait éliminé les Catalans (1-1, 2-1). Ce soir-là, le gardien catalan s'appelait Carles Busquets, père du milieu de terrain actuel des Blaugranas...

Mais au-delà des images, la comparaison avec ce quart de finale (qui fut suivi d'une finale de Coupe des coupes en 1997, gagnée par Barcelone) rappelle qu’il s’agissait d’une autre époque pour les deux clubs, mais aussi pour le football. Voici quelques chiffres qui témoignent du chemin parcouru par le PSG, le FC Barcelone et le sport le plus populaire de la planète depuis 18 ans.

Les joueurs étrangers

Au moment de l’affrontement entre les deux clubs en mars 1995, le football européen était sur le point de connaître son plus grand bouleversement des vingt dernières années. L’arrêt Bosman, une jurisprudence permettant aux clubs d’avoir dans leur effectif autant de joueurs étrangers ressortissants de l’Union européenne qu’ils le veulent (contre trois, communautaires ou non, sur la feuille de match auparavant), allait être rendu au mois de décembre. La libre circulation des travailleurs était sur le point de s'appliquer aux footballeurs.

Le PSG comptait alors dans son effectif 4 joueurs étrangers sur 22, soit 18%: ses trois Brésiliens Raï, Ricardo et Valdo et le Libérien George Weah. Côté Barcelone, on décomptait 6 étrangers sur 25 joueurs, soit 24% de l’effectif: les Néerlandais Ronald Koeman, Igor Korneev et Jordi Cruyff (le fils de l’entraîneur d’alors Johan Cruyff), le Bulgare Hristo Stoichkov, le Brésilien Romario et le Bulgare Roumain Gheorghe Hagi.

En 2013, la mondialisation du football est une réalité depuis de longues années, mais le PSG et Barcelone représentent deux modèles bien distincts. Les dirigeants qataris du club de la capitale, arrivés en 2011, ont lourdement investi dans des stars internationales, et très peu sur des joueurs français. Résultat, le PSG a presque triplé sa proportion de joueurs étrangers avec 16 sur 31 (51% de son effectif, en comptant les joueurs partis pendant la trêve hivernale et ceux arrivés à ce moment) et toujours un penchant pour les Brésiliens (Thiago Silva, Alex, Maxwell, Nenê et Lucas).

Le Barça est au contraire l’un des rares grands clubs européens à se baser en grande partie sur des joueurs nationaux, avec seulement 8 étrangers sur 23 joueurs (35% de son effectif), dont le quadruple Ballon d’Or argentin Lionel Messi.

Les joueurs formés au club

En 1995, le PSG comptait 6 joueurs formés au club (soit 27% de son effectif), tous des joueurs secondaires dont aucun n’était un titulaire régulier (Didier Domi, Francis Llacer, Pierre Ducrocq, Bernard Allou, Pascal Nouma et Patrick Mboma). En 2013, cette proportion a été réduite de moitié, et le club ne compte plus que le minimum requis par l’Uefa pour participer aux compétitions européennes, soit quatre joueurs formés au club (Alphonse Aréola, Mamadou Sakho, Clément Chantôme et Adrien Rabiot).

De son côté, le FC Barcelone fait preuve dans ce domaine d’une belle continuité dans sa politique de formation, qui était et est toujours au cœur de son succès. Là où beaucoup de clubs européens ont vu leur nombre de joueurs formés au club fondre avec l’arrivée de joueurs étrangers en masse, le Barça a suivi l'évolution inverse. Il comptait en 1995 10 joueurs formés au club, soit 40% de son effectif. Aujourd’hui, il en compte 12 sur 23 joueurs, soit 52% de son effectif, parmi lesquels de nombreux piliers de l’équipe (Xavi, Iniesta, Pedro, Sergio Busquets, Puyol…)

Le budget

En termes de budget, il faut avoir vécu sur une autre planète ces derniers mois pour ne pas savoir que le PSG a été racheté par le fonds souverain du Qatar et qu’il dispose désormais d’une énorme puissance financière. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’écart de budget entre les deux clubs s’est agrandi en 18 ans.

En 1995, le PSG était la propriété depuis quelques années de Canal +, qui avait aussi investi lourdement dans le club. Résultats, il disposait d’un budget de 260 millions de francs (54 millions d'euros d'aujourd'hui), un tout petit peu moins que le FC Barcelone avec ses 7.000 millions de pesetas de l'époque (60 millions d'euros d'aujourd'hui)

Aujourd’hui, le PSG a vu son budget exploser depuis l’arrivée de ses nouveaux propriétaires, passant de 80 millions d’euros en 2010/2011 à 200 millions d’euros cette saison. Mais il reste très loin du FC Barcelone, avec son budget de 470 millions d’euros.

Le coefficient UEFA des clubs

En 1995, le PSG en était à son troisième quart de finale de Coupe d’Europe d’affilée, mais n’était que 25e au coefficient UEFA des clubs, qui mesure la performance européenne sur les cinq dernières saisons (le club de la capitale parviendra à la toute première place de ce classement en 1998). Le Barça était quant à lui deuxième, devancé seulement par son grand rival, le Real Madrid.

En 2013, l’écart s’est légèrement réduit entre le PSG et le Barça, le premier s’étant hissé à la 21e position tandis que le club catalan trône au sommet du classement depuis plusieurs années.   

Le coefficient UEFA des clubs

Le coefficient de l’UEFA par pays, qui reflète la performance des clubs de chaque championnat européen et détermine le nombre de places que chacun se voit attribuer dans les compétitions continentales, donne un bon aperçu de l’évolution des championnats français et espagnols. En 1995, alors que l'OM avait gagné la Ligue des champions deux ans plus tôt, la France (3e) devançait l’Espagne (4e) de peu dans un classement dominé par l’Italie et l’Allemagne.

Aujourd’hui, l’Espagne occupe la première place, emmenée par les deux locomotives que sont le Real de Madrid et le FC Barcelone, tandis que la France vient à peine de récupérer sa cinquième place que le Portugal lui avait piquée pendant quelques mois. Une situation qui reflète les grandes difficultés des clubs français à faire bonne figure dans les compétitions européennes.

Les affluences au stade

C’est le seul domaine où le PSG sera plus régulier que le FC Barcelone à 18 ans d'écart. Lors de leurs affrontements de 1995, le Camp Nou avait accueilli 120.000 sectateurs tandis que le Parc des Princes, plein à craquer, comptait 44.700 spectateurs dans ses tribunes.  

En 2013, l’affluence du match aller devrait être très proche de celle du match de 1995, le stade n’ayant pas changé de capacité (45.000 places environ). Lors des huitièmes de finale face à Valence, le Parc des princes avait ainsi accueilli 44.867 spectateurs. Le Barça a également vendu toutes les places pour le match retour, mais l’affluence ne pourra cette fois pas dépasser les 99.000 spectateurs, la capacité du stade ayant été réduite depuis 1995.

Le rapport de force reste très largement favorable au Barça dans ce domaine, même si la situation devrait bientôt changer avec l’agrandissement prochain du Parc des Princes, voire l’éventuelle construction d’un nouveau stade.

Le prix des places

Le nombre très important de demandes de billets pour le match au Parc des Princes (entre 700.000 et 1 million selon le club) et la relative petite taille du stade ont fait grimper les prix au marché noir pour ceux qui veulent voir évoluer la meilleure équipe du monde face au PSG. Si les places avaient été mises en vente par le club de 50 euros pour les moins chères à 350 euros, elles se revendaient, à quelques heures du match, à plus de 1.000 euros.

En 1995, les places pour le match au Parc des Princes avaient été mises en vente entre 80 francs et 900 francs par le club, soit de 16 euros à 186 euros en prix actualisés de l'inflation.

G.F.

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