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Alors la e-cigarette? Moi, vapoteur, cobaye et pionnier [1/2]

Je fume partout. Tout le temps. Et ça ne dérange personne. S'il vous plaît, ne me dites pas que c'est dangereux pour la santé...

Photo prise à Paris, d'une cigarette électronique. REUTERS/Christian Hartmann
Photo prise à Paris, d'une cigarette électronique. REUTERS/Christian Hartmann

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Il y a trois mois, j'ai acheté ma première cigarette électronique. L'acte a été aussi honteux et clandestin que l'achat de mon premier paquet de cigarettes à 17 ans.

Probablement parce que j'avais mis beaucoup d'énergie durant une partie de l'année 2012 à railler ceux de mes camarades qui avaient été les premiers à brandir cet objet étrange. J'avais élaboré un bon lot de vannes à leur encontre, mon mépris était sec et viril, ils fumaient des clés USB comme des chochottes, et moi j'étais un cowboy hédoniste fumant mes Marlboro en paquet souple.

C'est d'ailleurs étrange de constater à quel point face à eux, quand j'ai voulu vanter d'autres louanges de la cigarette que le plaisir pur,  je me suis raccroché à de bonnes vieilles valeurs des années 60 et des agences de Madison Avenue telles que la virilité et le gout de l'aventure.

Je fume partout

Mais ma première bouffée de vapeur a été fantastique. Le plaisir organoleptique et sensoriel était non seulement identique, mais très progressivement meilleur. Je n'ai plus quitté la cigarette électronique, je n'ai plus fumé de cigarettes, hormis lors de rares soirées alcoolisées, où elles représentaient un geste ultime de subversion ordalique.

Je ne sens plus mauvais. Mon environnement non plus. J'ai retrouvé toute ma respiration au sport. Je ne dérange plus personne. La vapeur, hors quelques arômes forts (café par exemple), a une odeur indétectable pour mon entourage.

Et puis je vapote partout. Je me sens comme dans ces émissions de Michel Polac des années 80 où tout le monde fumait tranquillou sur le plateau. Je fume partout sur le plateau.

J'ai progressivement introduit la cigarette électronique dans mon écosystème quotidien, travail, domicile, lieux publics, sans provoquer aucune autre réaction que de la curiosité. Quand je la montre et je l'explique, j'ai l'impression de présenter un miroir pour la première fois à des indiens d'Amériques. Je suis un visiteur du futur. Je suis Doda Bodonawieedo, l'extra terrestre saxophoniste de Star Wars.

La cigarette électronique, territoire de science-fiction

Car là où la cigarette traditionnelle véhiculait son imagerie de cowboy, de canyons et de paysages à pertes de vue —bref le vieux XXe siècle, la cigarette électronique amène aussi un nouveau territoire imaginaire de fans de SF, entre narguilé digital et cigare laser.

Les différentes pièces qui composent cet instrument, atomiseurs, cartomiseurs, batteries, chargeurs et j'en passe sont délicieusement décourageantes pour un novice, donc addictives. On commence avec un modèle de base puis, au fur et à mesure des essais et découvertes, on allonge le dispositif (n'y prêtez aucune névrose phallique), on améliore l'engin avec passion, cette même passion qui m'animait gamin lorsque je montais un nouveau PC ou kittais mon scooter.

Aujourd'hui, ma cigarette électronique est une fusée de l'espace. Son cartomiseur (réservoir et générateur de vapeur) est large comme un verre à tequila. Ma batterie est une des plus puissantes du marché, et un branchement usb me permet de vapoter en étant relié à mon ordinateur portable. Et quand je vapote ainsi, en parcourant un site web, j'avoue avoir parfois la sensation grisante de FUMER L'INTERNET.

Au fil de ces 3 mois, j'ai progressivement baissé le taux de nicotine de mon tabac liquide (un mélange de propylène glycol, de glycérine et d'arômes) à 6mg/ml - en dessous de ce niveau, c'est le zéro nicotine.

Mais je dois vous avouer une chose, quitte à donner raison aux toxicologues détracteurs de l'e-cigarette: je ne veux pas arrêter la cigarette électronique.

Je ne la fume pas pour arrêter ensuite de fumer. Je veux fumer sans en mourir. J'ai toujours adoré fumer, pas parce que cela me tuait, mais parce que j'adorais fumer.

Laissez-moi vapoter

Je veux croire que la cigarette électronique est inoffensive comme les premières études laissaient le penser, et si les futures études vont dans ce sens, je veux vapoter jusqu'à la fin de ma vie, de manière aussi insouciante que si je voulais me faire masser jusqu’à la fin de ma vie, où manger du carpaccio quand je vais au restaurant jusqu'à la fin de ma vie.

L'Etat va aujourd'hui s'intéresser à la cigarette électronique, à cette manne non contrôlée, mais surtout non taxée. Je peux accepter toutes les taxes, toutes les restrictions à l'achat. Je suis prêt à lâcher quelques arômes, OK. OK pour abandonner l'arôme fraise tagada, je me doute bien que ce liquide ne contient pas d'extraits naturels de fraises ciflorettes. Mais pourvu, pourvu, pourvu qu'on ne me dise pas que la cigarette électronique est cancérigène, comme une vérité évidente que personne n'avait encore clairement formalisée.

Après tout, pourquoi ne pas y croire? Nous sommes en 2013. Nous avons inventé les écrans tactiles, tumblr, et les pastèques sans pépin. Nous envoyons des ROBOTS SUR LA PLANETE MARS. Nous sautons en parachute depuis la stratosphère. Pourquoi ne pas avoir réussi à mettre au point un petit dispositif électronique permettant d'inhaler tranquillement de la vapeur aromatisée? Est-ce si difficile?

Henry Michel

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