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Pourquoi 10 millions de «jailbreakers» ne peuvent avoir tort

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L’entreprise Apple est-elle plus puissante que jamais ou, au contraire, existe-t-il des signes du début de son déclin? Malgré de très bons résultats financiers en 2012, 41,7 milliards de dollars, soit le record absolu pour une entreprise hors secteur pétrolier, le cours de bourse d’Apple a perdu 12% après l’annonce de ces résultats. Selon Farhad Manjoo, le chroniqueur high-tech de Slate.com, «il est difficile de trouver un seul signe indiquant que les consommateurs ne veulent plus des produits de la marque– et c’est faux dans l’ensemble.»

Mais il admet que «les commentateurs affirment que la marque s’est heurtée à un mur, qu’elle ralentit, que nous sommes en train d’assister au début de la fin de la magie Apple».

Un article de Anthony Wing Kosner publié sur le site de Forbes propose des clés pour comprendre cette situation paradoxale. Les jailbreakers, ces utilisateurs du système d’exploitation iOS 6 qui ont téléchargé un programme leur permettant de s’évader («jailbreak» signifie «évasion» en anglais) des contraintes du système Apple sont de plus en plus nombreux. Après la sortie du programme phare de jailbreaking, evasiOn, ce sont près de 10 millions de personnes qui l’ont téléchargé.

A partir du moment où le téléphone ou la tablette sont débridés, les possibilités de personnalisation du produit sont plus nombreuses et l’utilisateur peut accéder gratuitement à tout le catalogue des applications —normalement payantes— des produits Apple, ce qui est illégal et que la marque déplore. Mais il accède aussi aux fichiers système de l'appareil et à des applications non-officielles. Débrider son téléphone Apple entraîne l’annulation immédiate des conditions de garantie.

Pour l’auteur, cette réaction de masse traduit un mécontentement qu’Apple aurait tort de ne pas prendre en considération. C’est une réaction de geeks contre les limitations d’un outil technologique plus qu’un comportement criminel, juge-t-il.

«Un aspect du problème Apple est qu’elle a créé une plateforme pour non-conformistes qui est devenue conformiste». Apple se pense probablement encore en dehors des clous et rebelle, avec son slogan «think different», mais la réalité c’est que «la marque crée des codes bien plus qu’elle ne les casse».

Or la minorité de jailbreakers est pourtant celle qui est paradoxalement la plus fidèle à l’état d’esprit créatif et individualiste de la marque. Ce sont pour une part des développeurs qui créent des applis, et Apple devrait les considérer comme son public d’avant-garde.

Plusieurs améliorations pourraient ainsi dissuader les utilisateurs d’aller chercher hors de la «prison» Apple les conditions de leur émancipation. Fonds d’écran personnalisables, choix de Google Map par défaut, multitasking sur iPad, les prochains iOS pourraient prendre en compte la demande d’une plus grande flexibilité dont le recours plus massif au jailbreaking serait l'indice.

L'enjeu est d'autant plus crucial qu'au-delà de la minorité éclairée des geeks Apple-maniacs qui multiplient les incartades en allant voir ailleurs, le grand public s’habitue lui aussi à jouer au hacker, à bricoler ses joujoux pour en retirer plus de satisfaction et cette irrévérence nouvelle des consommateurs vis-à-vis d’une marque ne peut être ignorée de cette dernière… Surtout quand l’anticonformisme constitue son mythe fondateur.

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