Alors que la compétition commence enfin, Slate vous donne un coup de main pour vos derniers ajustements de paris en ligne et passe en revue des forces en présence de cet Euro 2012 en cinq groupes d’équipes plutôt homogènes:
- Le wagon de tête (Allemagne, Espagne, Pays-Bas)
- Les outsiders accidentés (France, Italie, Angleterre)
- Les grosses cotes (Portugal, Russie)
- Le ventre mou (République thèque, Suède, Croatie, Pologne)
- L’important c’est de participer (Suède, Irlande, Danemark, Grèce)
L'important, c'est de participer
Suède: Ibra est bien seul
Côté
suédois, c’est assez simple: avec la France, l’Angleterre et l’Ukraine
dans le groupe, on se dit que ça va être compliqué. Dur oui, mais pas
impossible. Tous les grands blonds se rappellent qu’en 1992 ils avaient
affronté dans leur poule une équipe de France qui ressemblait beaucoup à
l’actuelle, c’est-à-dire bien en place, dure à battre, mais sans génie
et surtout en période de transition entre deux générations phénoménales,
et une équipe d’Angleterre dont on ne savait déjà pas trop quoi penser.
Et
les fils d’Odin avaient fait passer tout ce beau monde à la trappe.
Depuis, la Suède n’a pas évolué au niveau de la hiérarchie
internationale. C’est l'équipe qu’on retrouve à toutes les
competitions parce qu’elle assure les qualif’, mais sur laquelle on ne
mettra jamais une pièce pour atteindre le dernier carré.
L’épine
dorsale est formée autour de joueurs très expérimentés et qui ont
l’habitude de se cotoyer: Mellberg, Isaksson, Svensson, Wihelmsson,
Kallstrom, Elmander... Un ensemble moyen dans lequel se cache une vraie
star, Zlatan, le seul Suédois capable de faire basculer un match à lui
tout seul. Mais manque à l’équipe de la profondeur de banc et des
joueurs d’instinct capables de combiner avec Ibra.
Le prono: Jouer
son premier match contre le pays organisateur a tout d’un traquenard:
les Suédois vont se faire flouer par l’arbitre, ou ingurgiter des trucs
pas nets la veille, résultant dans une somnolence générale, qui conduira
Ibra à manquer ses quatorze frappes. Après un petit nul 0-0 contre
l’Angleterre dans un match plein de coups de coudes, les Suédois
perdront gentillement contre la France, nouveau phare de la
sociale-démocratie européenne. Puis ils diront merci et rentreront
poliment chez eux.
Danemark: trop d'Evianais pour être pris au sérieux
A
chaque Euro, on nous ressort la belle histoire de la danish dynamite,
de Brian Laudrup et de Peter Schmeichel. Laissez tomber, c’était il y a
vingt ans. Depuis, le Danemark vivote, un coup qualifié, un coup absent
des grandes compétitions, et joue la plupart du temps les faire-valoir
des grandes nations, même s’il a devancé le Portugal en qualif’.
L’épine
dorsale se compose de joueurs aguerris, présents depuis des lustres:
Sorensen, Agger, Poulsen, Rommedahl, auxquels viennent se greffer une
nuée de joueurs moyens des championnats danois, hollandais, belge, et
d’Evian-Thonon-Gaillard, club le plus représenté avec quatre
sélectionnés (si, si). Insuffisant pour sortir d’une poule avec
l’Allemagne, les Pays-Bas et le Portugal, surtout quand on a Bendtner en
avant-centre.
Le prono: Les
Danois ont malheureusement tout de la victime expiatoire dans la poule
de la mort. Un point arraché contre les Portugais, qu’ils ont devancé
lors des éliminatoires, pourrait peser lourd.
Grèce: 2004 c'est loin
Le
Kaïser Otto n’est plus, et la Grèce ne s’en porte pas plus mal.
Débarassée depuis deux ans du joug de l’hyper-austère allemand Rehhagel
qui lui avait permis de s’introduire par effraction parmi les grands du
continent à l’été 2004, la sélection grecque revît sous les ordres du
Portugais Fernando Santos. Après une Coupe du monde qui a définitivement
clos l’ère tactique du 8-1-1, Santos a pu insuffler une philosophie de
jeu davantage tournée vers l’avant, et lancer de jeunes joueurs
prometteurs, comme le central Papadopoulos (20 ans, Shalke), encadrés
par les derniers dinosaures, Karagounis et Katsouranis, qui ont disposé
de la Croatie en qualif’.
Vue
la situation de leur pays et le patriotisme élevé des Grecs, on peut se
dire que les joueurs ne lâcheront rien et mouilleront le maillot. Reste
le manque de qualité flagrant, malgré le maintien d’un «bloc-équipe»
(oui, je veux être invité au CFC) soudé et solide.
Le prono: Versée
dans le groupe A, le plus homogéniquement faible, avec les Tchèques,
les Russes et les Polonais, la Grèce a une chance d’arracher son billet
pour le deuxième tour.
Irlande: la génération losers touche à sa fin
Arrivés derrière les Russes dans leur poule qualificative, les rouquins ont eu la chance de tirer le Monténegro en barrages, sans quoi ils auraient encore passé leur mois de juin à se lamenter en buvant des pintes. Pour leur premier Euro depuis 1988, ils s’en remettront aux incantations celtiques, au savoir-faire de Giovanni Trapattoni, et à leurs vieux: Shay Given, Robbie Keane, John O’Shea, Richard Dunne, Damien Duff...
Autant de joueurs qu’on
achetait à Football manager il y a dix ans, et qui, avec le sens de la
tragédie qui caractérise leur peuple, n’ont jamais totalement confirmé
les espoirs placés en eux et disputent sûrement leur ultime phase
finale. Leur dernier tour de piste au niveau international sera
dignement arrosé par quelques rounds supplémentaires dans les pubs des
trois provinces de l’Eire.
Le prono: L’Espagne,
l’Italie, et la Croatie dans le groupe... A l’évidence, la fin de cycle
s’annonce douloureuse, et une victoire contre la famille Dalmates
serait déjà belle. Sinon, difficile de trouver de la stout dans les bars
de Gdansk et Poznan.
Ludovic Job