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Euro 2012: le ventre mou

La République thèque, la Suède, la Croatie, la Pologne: pas vraiment bonnes ni vraiment mauvaises, elles n'ont aucune chance de gagner la compétition mais peuvent faire une demi-finale sur un malentendu.

Un supporter lors de Liverpool-Manchester United à Anfield le 6 mars 2011, REUTERS/Phil Noble
Un supporter lors de Liverpool-Manchester United à Anfield le 6 mars 2011, REUTERS/Phil Noble

Temps de lecture: 3 minutes

Alors que la compétition commence enfin, Slate vous donne un coup de main pour vos derniers ajustements de paris en ligne et passe en revue des forces en présence de cet Euro 2012 en cinq groupes d’équipes plutôt homogènes:

Le ventre mou

République tchèque: rentrée dans le rang

Quand on parle football, on a tous des frissons du passé, des souvenirs tenaces, de grandes excitations ou de vilaines rancoeurs. On a tous des équipes fétiches qui, comme les petites amies des années lycée, laissent leur marque. Pour certains, la République tchèque de la décennie 1995-2005 fait partie de celles-là. On y croise un romantisme footballistique, une jeunesse inconstante, des perdants magnifiques, Vladimir Smicer, Patrick Berger, Pavel Nedved et Karel Poborsky. La République tchèque, à cette époque, donnait du plaisir.

Et maintenant? Bon, bah... Cette équipe sort de deux éliminations sans plaisir dans des grandes compétitions, elle ne fait plus trembler grand monde à l’ouest de la Bohème. Surtout, on y croise plus beaucoup d’esthètes. Au contraire, son meilleur atout est un gardien, Petr Cech, certes l’un des trois meilleurs du monde, mais un gardien. Pour le reste, un Rosicky sur une patte, un Plasil de niveau Ligue 1, un Baros qu’on n'a pas viré parce qu’on n’a pas mieux, et une ribambelle de joueurs moyens. Dans une poule faible, face aux Grecs et aux Polonais, les Tchèques ont une chance de sortir. Un bon résultat lors du premier match contre la Russie serait appréciable.

Le prono: Grâce à Pert Cech, qui arrêtera les six pénos sifflés contre ses coéquipiers lors du match contre la Pologne, la République tchèque finit deuxième de sa poule avant de se faire fesser par l’Allemagne au tour suivant.

Ukraine: pour la mère patrie, et pour Andriy

On aurait vraiment aimé voir cette équipe ukrainienne à domicile au sommet de la carrière d'Andriy Chevtchenko. Malheureusement, ce bon vieil Andriy jouera ce tournoi comme son jubilé, comme un vieil homme va voir une dernière fois la mer sur la fin de ses jours. Faute de son ex-star, la sélection ukrainienne pourra s’appuyer sur une palanquée de joueurs maison en pleine force de l’âge qui ont pris l’habitude d’emmerder l’Europe des clubs sous les couleurs du Dynamo Kiev (Aliyev, Milevskyi, Goussev), du Shaktar Donetsk (Pyatov, Shevshuk), du Metalist ou du Metalurg.

L’équipe joue à domicile et aura à coeur de venger un président isolé diplomatiquement, éviter le goulag, offrir une belle sortie à Chevtchenko et gagner des datchas d’été à Yalta... Les Ukrainiens ont plein de bonnes raisons de faire un bon tournoi.

Reste à voir si cette assemblage de joueurs de bon niveau mais sans expérience du très haut niveau, aggrémenté du hardeur Voronine et du gentil remplaçant munichois Tymochtchuk, fera l’affaire dans une poule assez relevée, alors que le pays ne dispute que son second tournoi international (après la CM 2006) et doit faire sans le patron de sa défense, Chygrynskyi.

Le prono: Tout dépendra de l’état d’esprit et de la forme de la France et de l’Angleterre. Si ces deux sélections restent paralisées par la peur de mal faire, les Ukrainiens auront leur chance.

Croatie: mauvaise pioche

De retour au premier plan après l’échec de la non-qualification pour le Mondial sud-africain, la Croatie va devoir surprendre pour passer la phase des poules. Reversée dans le groupe de l’Espagne et de l’Italie, l’équipe de Slaven Bilic, sélectionneur nationaliste fan de death metal, présente un effectif de qualité, dans la continuité des grandes heures de la génération Suker-Prosinecki, qui lui permet de régner sur le football des Balkans en imposant à la fois une défense rugueuse et un jeu en mouvement.

Autour de Modric, Srna, Kranjcar ou Olic, pas mal de bons joueurs de club expatriés dans tous les grands championnats européens, avec des garçons bouchers derrière (Lovren), du tricoteur au milieu (Rakitic), et des options de rechange devant (Jelavic, Eduardo).

Prono: Même fatiguée, l’Espagne semble avoir un temps d’avance dans le groupe B, alors que la reconstruction italienne semble être en bonne voie. La Croatie risque de se retrouver avec l’étiquette de «meilleur 3e de poule» qu’on refilait auparavant aux Tchèques.

Pologne: stars de la Bundesliga et repêchés de Ligue 1

Que penser de cette équipe de Pologne? Voilà une bien bonne question. On remarque qu’après des années de trou noir post-soviétique, les Aigles blancs ont retrouvé au XXIe siècle le chemin des tournois internationaux. Et que certaines jeunes pousses arrivent à maturité à l’heure d’organiser l’Euro. Sczeczni par exemple, gardien d’Arsenal sur qui on aurait pas parié un zloty il y a peu.

Les cadres du Borussia Dortmund, meilleure équipe allemande depuis deux ans: Blaszczykowki au milieu avec le brassard, Lewandowski devant pour faire rêver les foules. Et puis, la Pologne sera un peu l’équipe de France bis, avec Obraniak et Perquis sur le terrain. La vierge Marie et le futur Saint Jean-Paul ont en plus été réquisitionnés pour protéger l’équipe nationale.

Si la sélection s’est trouvée un gardien décent, un relayeur de très bon niveau et un attaquant particluièrement régulier, la défense est en revanche franchement sinistrée. On en revient toujours à Damien Perquis et à l’infirmerie de Montbéliard.

Le prono: Etant donné le tirage au sort clément, ne pas sortir du premier tour serait vraiment un échec pour le XI des plombiers. Prière donc de les empêcher de boire les veilles de matchs. Sinon, il paraît que les Grecs échangent des indulgences contre des matchs de foot en ce moment...

Ludovic Job

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