Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur La DH, L'Avenir, Le Soir
Le journal Libération et son correspondant à Bruxelles, Jean Quatremer, sont sous le feu de la critique des Belges depuis un article à charge consacré à l’urbanisme chaotique de la capitale de l’Europe. «Sale» et «dangeureuse» pour les piétons et les cyclistes à cause des autoroutes qui transpersent la ville, Bruxelles peut être comparée à Athènes:
«Même chaos urbanistique, mêmes cicatrices laissées par une spéculation immobilière délirante, même trottoirs défoncés, même saleté, même folie automobile.»
Photos à l'appui...
Source: Coulisses de Bruxelles - Libération
Le journaliste de Libération interroge notamment le président du Parti des Fédéralistes démocrates francophones, Olivier Maingain, qui précise:
«La ville a été sciemment détruite dans les années 1950-70. Depuis ce moment-là, on peut parler de bruxellisation (...). Pour l’Etat, Bruxelles devait devenir une ville administrative, une sorte de Washington, où personne ne dormait. D’où ces autoroutes qui amènent le flux des travailleurs vivant en Flandre ou en Wallonie. Les Flamands, qui détestaient cette ville devenue francophone tout en étant située en Flandre, ont tout fait pour la détruire.»
Un article digne d’un «ancien tract du Vlaams Block», a réagi le ministre-président de la région Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoort, à propos des photos qui illustrent l’article. Le 16 mai, le journal la DH se fend d’une réponse ulcérée dans un éditorial intitulé «Casse-toi p’tit con».
Le journal a d'ailleurs répliqué à Libération en consacrant sa une à «Paris pourri», répondant aux photos prises par Libé par d'autres photos tout aussi repoussantes de la capitale française.
Source: La DH
Cependant, la charge du journaliste spécialiste des questions européennes n’est pas dénuée de fondement, admet l’auteur de cette réponse:
«Oui, Bruxelles est une ville un peu barrée, dotée d’une signalétique d’un autre âge, de trottoirs mouvants, de chantiers perpétuels, d’embouteillages monstres.»
D’ailleurs, il écrit qu’en 1913, un guide touristique écrivait déjà que «Bruxelles est une ville sale, en perpétuel chantier».
«Ce n’est pas un hasard si le terme de “bruxellisation” a été forgé pour décrire le développement anarchique et inharmonieux d’une ville», admet de son côté L’Avenir. Pour le journaliste Philippe Martin qui signe l’éditorial, «le pire hélas, c’est que Jean Quatremer n’a pas tort!» Et ce qui énerve les Bruxellois, c’est surtout que la critique vienne d’un Français!
«Le nouveau ministre président bruxellois, Rudi Vervoort, a aussitôt placé la critique de Libé sur le compte du “manque de respect”. Pas sûr, qu’avec de tels arguments, Bruxelles redevienne belle avant un sacré bout de temps!»
Mais la tension est redescendue d’un cran et Jean Quatremer a pu s’expliquer et défendre sa vision de la ville dans la DH.
«Je voulais faire découvrir [cette réalité] aux Français qui ignorent tout de l’histoire urbanistique et de la complexité administrative de cette ville, se justifie-t-il. Car ce n’est pas cette image-là que vend Bruxelles à l’étranger. Elle tente de vendre l’image de la place du Sablon, de petits cafés sympas, etc. Le problème c’est que pour atteindre ces quartiers préservés, il faut traverser des no man’s land et des friches urbaines.»
De son côté, le journal Le Soir s’est penché sur les preuves chiffrées de ce qu’écrivait Libération. Or «Bruxelles est la dixième ville d’Europe la plus congestionnée en 2013. Derrière Marseille et Paris, respectivement classées 4e et 7e».