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La psychothérapie après 65 ans n'est plus un tabou

<a href="http://www.flickr.com/photos/horiavarlan/4332388370/">Old woman's hands tucked between her legs</a> / Horia Varlan via FlikrCC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">Licence by</a>
Old woman's hands tucked between her legs / Horia Varlan via FlikrCC Licence by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The New York Times

Il n’est jamais trop tard pour commencer une psychothérapie. C’est ce qu’explique Marvin Tolkin, 83 ans, dans les colonnes du New York Times qui consacre un dossier à la santé mentale des personnes âgées. Sur le tard, l’octogénaire a finalement décidé «qu’une vie non analysée ne valait rien». Avant cela, il n’avait jamais envisagé que ses tracasseries émotionnelles pouvaient être abordées avec un psychiatre.

Même révélation pour Miriam Zatinsky, 87 ans, qui témoigne également pour le New York Times. Après deux ans de veuvage, elle s’installe dans une structure pour personnes âgées indépendantes. Problème: elle est incapable de s’y faire des amis.

Miriam et Marvin font partie des nombreux seniors qui se dirigent tardivement vers la psychothérapie. La plupart d’entre eux n’avait jamais poussé la porte d’un cabinet auparavant. «Nous en voyons de plus en plus ces 5 dernières années», explique le docteur Dolores Gallagher-Thompson, chercheuse en psychiatrie à l’université de Stanford. Elle ajoute:

«Pour les gens qui ont aujourd’hui 80 ou 90 ans, la dépression a longtemps été considérée comme une faiblesse morale (…). Ils ne parlaient pas de leur dépression, de peur de finir enfermés dans un asile.»

Aujourd’hui, la dépression est moins stigmatisée, et surtout, notre perception des aînés a changé. Avant, une personne âgée qui se comportait bizarrement était considérée comme sénile, ou prise de démence. La dépression est de plus en plus reconnue. La National Alliance of Mental Illness comptabilise d’ailleurs 6,5 millions d’Américains de plus de 65 ans en dépression. Parmi eux, beaucoup traînent leurs soucis depuis des décennies. Marvin Tolkin en faisait partie.

«Quand j’ai atteint les 80 ans, je me suis dit "Y’en a marre". J’ignore combien de temps je vais vivre encore, et je veux que ça se passe bien.»

Il s’est mis à consulter un psychiatre une fois par mois, pendant 45 minutes. «Il m’apporte un nouveau regard sur les choses (…) depuis, être vieux est devenu plus facile.»

La vieillesse vient parfois s’ajouter aux petits problèmes jamais exorcisés... Et il y a de quoi s’inquiéter pour nos anciens. Un rapport de la Substance Abuse and Mental Health Services Administration révèle que d’ici 2020, la moitié des Américains de 50 ans à 70 ans risquent d’abuser de marijuana et d’alcool. En 1999, ils étaient seulement 9%.

Contrairement à ce qu’ont longtemps affirmé Freud et ses disciples, il n’est jamais trop tard pour s’engager dans une thérapie. Freud pensait qu’après 50 ans, tout était perdu, les personnes âgées n’étant selon lui plus suffisamment malléables. Faux, nos aînés seraient même de bons élèves en thérapie, comme le montrait déjà Libération en 1999. «Ils ont conscience que le temps est précieux et ils ne veulent pas le gaspiller», constate le Docteur Abrams, le psychiatre de Marvin. Et généralement, 15 à 20 séances sont nécessaires pour aider un patient. Marvin Talking continue de voir son psychiatre une fois par mois. Il aurait voulu connaître cette expérience plus tôt, mais il ajoute: «Je ne peux pas revenir en arrière. Je ne peux qu’aller de l’avant.»

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