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Les bactéries résistantes aux antibiotiques transmissibles du bétail à l'homme

<a href="http://www.flickr.com/photos/flyingsaab/4940773346/in/photostream/">Pig</a> par Phil Denton via Flickr <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/deed.fr">CC</a>
Pig par Phil Denton via Flickr CC

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Mother Jones, AFSSA, Science 2.0

On sait depuis longtemps que les animaux d’élevage sont arrosés d’antibiotiques en continu. Ces traitements constants sont distribués à bas niveau, car il ne s’agit pas de soigner mais de prévenir l’apparition de maladies liées aux conditions d’élevage et d’accélérer la croissance et/ou la productivité des animaux. Les scientifiques se doutaient que de telles pratiques encourageaient l’apparition de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques et transmissibles à l’homme.

Il y a à présent une preuve concrète: une étude danoise a démontré formellement la transmission d’une souche de staphylocoque doré résistante du bétail à deux fermiers. En tout, les chercheurs ont recensé au Danemark, entre 2003 et 2011, 110 cas cliniques d’infection à cette bactérie, de son nom complet Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM). Pour la plupart, ces cas ont surgi chez des personnes résidant en milieu rural.

Le SARM fait aussi partie des principaux coupables dans les décès hospitaliers. En France, une étude de 2012 a estimé à 3.500 le nombre de décès annuels liés aux infections nosocomiales. On retrouve le SARM dans près de la moitié des cas.

L’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) a par ailleurs constaté en 2009 que si le SARM peut être présent chez tous les animaux, il est rare en France. Sauf chez le porc et le chien. 29% des lots de porc charcutier seraient porteurs du SARM.

Des données qui ne sont pas étonnantes lorsque l’on sait que 50% de la production mondiale d’antibiotiques est destinée aux animaux d’élevage.

Le magazine d’investigation américain Mother Jones explique que les études sur la transmissibilité étaient jusqu’ici quasi impossibles, à cause de problèmes «d’éthique: vous ne voudriez pas extraire, disons, une salmonelle résistante aux antibiotiques d’une dinde puis l’injecter à une personne juste pour voir ce qui se passe. Le risque […] de mort serait trop grand».

L’étude danoise s’est appuyée sur les dernières techniques de la biologie moléculaire, ce qui permet d’éviter cet obstacle. Le blog scientifique Science 2.0 rapporte que les chercheurs ont opéré à un séquençage complet des génomes des bactéries récoltées sur les animaux et les patients. En comparant les différences dans les séquences, «ils ont été capables de conclure sur l’identité des pathogènes et les trajectoires d’infection».

Interviewé par Science 2.0, Erwan Harrison, un des auteurs de l’étude, a conclu prudemment:

«Nos résultats démontrent que les souches de SARM que nous avons étudiées sont capables d’être transmises des animaux aux humains, ce qui souligne le rôle du bétail comme réservoir potentiel de bactéries résistantes aux antibiotiques.»

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