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Les tablettes sont-elles bonnes pour les enfants?

<a href="http://www.flickr.com/photos/donhomer/7429045022/in/photostream/">Young Gaming Zombie</a> par Michael Bentley via Flickr <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">CC</a>
Young Gaming Zombie par Michael Bentley via Flickr CC

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Atlantic, New York Times, Le Figaro Madame

L’iPad devrait-il être un jouet comme les autres ? C’est la question que la journaliste Hanna Rosin s’est posée dans The Atlantic .

Hanna Rosin (qui contribue également à Slate.com) a trois jeunes enfants. Tous utilisent de manière experte l’iPad de leur mère, même le plus jeune, qui porte encore des couches. Mais Hanna Rosin est, comme la plupart des parents, tiraillée entre l’attrait que ces objets représentent pour ses enfants et la crainte que l’utilisation de telles technologies puisse avoir un mauvais effet sur leur développement.

Elle explique ainsi, à propos de développeurs d’applications iPad pour enfants qui restreignent pourtant l’accès à télévision et tablettes de leur propre progéniture:

«D’un côté, les parents veulent que leurs enfants sachent naviguer expertement dans le flux numérique sur lequel ils devront naviguer toute leur vie; de l’autre, ils craignent que trop de média numérique, trop tôt, les fera couler. Les parents finissent par traiter les tablettes comme des instruments de chirurgie fine, des gadgets qui pourraient produire des miracles pour le QI de leur enfant et l’aider à gagner astucieusement une compétition de robotique –mais seulement s’ils sont utilisés uniquement de cette manière. Autrement, leur enfant pourrait finir comme une de ces tristes créatures pâlichonnes qui ne peut pas regarder les gens dans les yeux et a un avatar en guise de petite copine.»

Pourtant, quelques nouvelles études se montrent suffisamment rassurantes pour que les parents cessent d’être divisés par ce qu’Hanna Rosin appelle la «névrose de notre temps». L’Académie des Sciences a ainsi publié le 29 janvier 2013 un livre intitulé L’enfant et les écrans, qui propose sur la question un avis éclairé par les dernières études en neurosciences, en psychologie et en médecine. Si la préconisation des tablettes qu’y font les scientifiques pour les enfants dès 6 mois devra sans doute être prise avec précaution, il apparaît certain qu’il existe une différence fondamentale entre télévision et écrans interactifs.

Il est ainsi fortement déconseillé d’exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans non interactifs. Il a en effet été démontré plusieurs fois qu’il est très difficile pour des enfants aussi jeunes de comprendre la différence entre ce qu’il se passe dans l’écran et dans le monde réel. Avant 24 mois, les enfants sont totalement absorbés par ce qui se déroule sur un écran, même si cela n’a aucun sens. Ce manque s’appelle «déficit vidéo». Par contre, lorsque ces écrans proposent des contenus interactifs, le déficit vidéo s’estompe. Mais ne disparait pas entièrement.

Sur le blog Bits du New York Times, Nick Bilton met cependant en garde devant les effets d’un trop grand isolement par les tablettes. Alors qu’il est tentant d’utiliser la magie de l’iPad pour calmer instantanément des enfants turbulents, cela affecte peut-être leur capacité à tisser des liens sociaux mais surtout à développer leur imagination. Une tablette entre les mains d’un enfant lui garantit de ne jamais s’ennuyer, mais occupe également du temps qui aurait pu être consacré à la rêverie, ce qui n’est pas forcément une bonne chose pour la créativité. Cela s’applique d’ailleurs aussi aux adultes.

Olivier Houdé, un des auteurs de l'avis de l'Académie des Sciences interviewé par le Figaro Madame, recommande de se prémunir contre l'hyperstimulation et de conserver un juste milieu:

«Le numérique développe chez les jeunes une intelligence fluide, rapide, fragmentée, automatique et multitâches. Mais aussi moins apte à la synthèse, à l’abstraction et à la hiérarchisation des infos. D’où le risque de superficialité. Voilà pourquoi il faut aussi préserver l’intelligence lente, linéaire, fixée, profonde, avec une certaine intériorité, que nous a donnée la culture du livre depuis l’invention de l’imprimerie, et continuer à la transmettre aux plus jeunes. S’ils parviennent à jongler avec les deux, ils feront des merveilles.»

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