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Pourquoi les automobilistes détestent les cyclistes

<a href="http://www.flickr.com/photos/18614695@N00/3281151356/">vélos de ville</a>perrimoon via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License by</a>
vélos de villeperrimoon via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC, 20 Minutes

«Il se croit vraiment tout permis celui là!», vous êtes-vous peut-être déjà écrié, alors qu'un cycliste vous coupait dangereusement la route. Certains conducteurs détestent les cyclistes, et ils ne se privent pas de le dire. En février 2012, l'humoriste Bruno Gaccio leur dédiait même une chronique sur France Inter. Mais pourquoi tant de haine?

Tom Stafford, maître de conférences en psychologie et sciences cognitives au département de psychologie de l'université de Sheffield, au Royaume-Uni, l'affirme sur le site de la BBC: la raison de cette haine n'est pas celle que l'on croit.

Selon lui, ce ressentiment envers les utilisateurs de vélos ne serait pas causée par leur comportement parfois dangereux mais plutôt par le fait qu'ils brisent les règles morales de la route.

Ces règles sont à la fois légales et informelles, explique-t-il, toujours sur le site de la BBC. En plus du code de la route, il existe un ensemble de conventions tacites qui régissent la circulation.

«Il y a des bons et des mauvais conducteurs. Le complexe ballet qui a lieu aux carrefours lors des heures de pointe fonctionne parce que tout le monde connaît les règles et les suit: se maintenir dans le couloir, indiquer proprement: "c'est son tour, maintenant c'est le mien, là c'est le vôtre". Puis viennent les cyclistes, qui semblent croire que les règles ne sont pas faites pour eux, surtout ceux qui montent sur le trottoir, qui grillent les feux rouges ou qui roulent à contre-sens.»

Tom Stafford compare les cyclistes qui ne respectent pas ces règles aux fraudeurs: lorsqu'un système est en place et que la majorité des gens le respectent, resquiller est séduisant.

Ainsi, dans une file d'attente, une personne peut doubler les autres. C'est parce que la plupart des gens respectent la règle de faire la queue que cette tricherie est possible. Si tout le monde tente de doubler, alors la queue n'existe plus. Avec elle, conclut Tom Stafford, toute coopération disparaît. Or pour qu'un système fonctionne, cette coopération est indispensable.

Dans une étude menée en 2002, note Tom Stafford, deux chercheurs ont analysé le principe de punition altruiste, grâce à laquelle des personnes étrangères les unes aux autres coopèrent. Ils ont demandé à plusieurs personnes qui ne se connaissaient pas de jouer ensemble à un jeu. Celui-ci consistait, par les mises individuelles de chacun, à créer un bénéfice commun final. Les joueurs, qui changeaient à chaque tour, se sont rapidement rendu compte qu'en raison des règles du jeu, il était plus intéressant de ne pas miser d'argent et de quand même récupérer une part du bénéfice commun final. Or comme chaque joueur a eu cette idée, ce bénéfice était nul.

Au tour suivant, si certains joueurs ont compris la nécéssité de parier leur argent pour créer un bénéfice, d'autres ont continué de frauder. Les chercheurs ont donc introduit un système d'amende lié à la punition altruiste dans le jeu. Lorsqu'un joueur fraudait, il était possible pour les autres de lui infliger une amende, explique Tom Stafford. Mais pour cela, ils devaient eux-même payer une certaine somme d'argent, et donc se pénaliser. Les resquilleurs, à force d'être punis par les autres, se sont rangés.

Les chercheurs ont mesuré le niveau de colère des joueurs confrontés à des tricheurs, qui s'est révélé maximum. Selon Tom Stafford, cela montre que l'humain est, de part l'évolution, naturellement hostile aux profiteurs. En choisissant de se pénaliser eux-même pour infliger une amende aux resquilleurs, les joueurs ont fait passer leur intérêt personnel après l’intérêt commun.

Pour Tom Stafford, cette étude explique la colère des conducteurs envers les cyclistes.

Ceux-ci, en ne respectant pas les règles, ne contribuent pas à la marche du système, ici l'utilisation intelligente et collaborative des routes. Et ils ne sont pas prêts de décolérer: depuis octobre dernier, en France, les vélos peuvent ceder le passage au lieu de s’arrêter au feu rouge.

 

Edit du 18/02/2013: contrairement à ce que nous indiquions, les vélos peuvent désormais céder le passage au lieu de s’arrêter au feu rouge et non griller certains feux.

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