Politique / France

Des députés UMP, dont Lionnel Luca et Alain Marleix, cosignataires d'une proposition de loi avec Marion Maréchal-Le Pen

Marion Maréchal-Le Pen en visite dans un bureau de vote de Saint-Didier, le 17 juin 2012. REUTERS/Jean-Paul Pelissier.
Marion Maréchal-Le Pen en visite dans un bureau de vote de Saint-Didier, le 17 juin 2012. REUTERS/Jean-Paul Pelissier.

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Assemblée nationale, Reuters

Pour la première fois sous cette législature, le FN, en la personne de Marion Maréchal-Le Pen, a rejoint une proposition de loi cosignée par des élus UMP, dont le chef de file de la Droite populaire Lionnel Luca et l’ancien secrétaire d’Etat aux Anciens combattants puis à l’Intérieur et aux Collectivités territoriales Alain Marleix.

Le texte en question porte sur la «reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794», a été «enregistré à la présidence de l’Assemblée nationale le 16 janvier 2013», procédure annoncée ce jeudi 17 au Journal officiel, et a été publié sur le site de l’Assemblée.

Signée Lionnel Luca, la proposition a reçu la signature de sept autres députés: en dehors de Marleix et Maréchal-Le Pen, ce sont Dominique Tian, Alain Leboeuf et Philippe Vitel, tous trois élus UMP, ainsi que Véronique Besse (MPF) et Yannick Moreau (divers droite, ex-MPF), qui siègent tous les deux parmi les non-inscrits, comme Marion Maréchal-Le Pen. Leboeuf, Moreau et Besse sont les trois députés de droite du département de Vendée.

Cliquer pour voir l'en-tête de la proposition de loi en grand

Selon le site de l’Assemblée, la nièce de Marine Le Pen a jusqu’ici cosigné avec Gilbert Collard une proposition de loi constitutionnelle sur la désignation des membres du Conseil constitutionnel et a cosigné avec le même Collard et Jacques Bompard une autre proposition de loi constitutionnelle prohibant le mariage entre personnes du même sexe.

Gilbert Collard n’a lui jamais cosigné de texte rédigé par un député UMP, tandis que Jacques Bompard, ancien élu FN, l’a fait à plusieurs reprises. L'été dernier, Le Monde avait par ailleurs noté un «curieux ballet» pendant le vote du projet de loi de finances rectificative, qui avait vu Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard descendre «du dernier rang pour venir s'asseoir à côté de leurs collègues de l'UMP, parmi lesquels ils se sont fondus».

Déjà plusieurs propositions de loi

Si la «coalition» signant ce texte visant à la reconnaissance d'un génocide en Vendée peut surprendre, la proposition de loi en elle-même n’est pas nouvelle. Début puis fin 2007, Lionnel Luca avait déposé un texte allant dans le même sens avec plusieurs de ses collègues UMP, jamais examiné par l’Assemblée –et dont le nouveau texte est d’ailleurs quasiment un copier-coller, à l’exception d’une phrase rappelant la récente loi sur la contestation du génocide arménien.

Le député villiériste de Vendée Dominique Souchet avait lui aussi tenté sa chance à la fin de la législature, tandis qu'un député UMP avait essayé de glisser un amendement allant dans ce sens dans la loi sur la contestation des génocides votée fin 2011. C'est aussi un des combats de Philippe de Villiers.

Et si le FN a été absent de 1998 à 2012 de l'Assemblée, en prenant position sur le sujet, Marion Maréchal-Le Pen s'inscrit dans la tradition familiale: en 1987, son grand-père Jean-Marie Le Pen avait tenté, à l'Assemblée nationale, de faire reconnaître les massacres commis en Vendée pendant la Révolution comme un crime contre l'humanité.

En 2008, dans le mensuel Bretons, Jean-Marie Le Pen était aussi revenu sur la polémique sur le «détail» en ces termes:

«J'aurais parlé, même de très loin, du génocide vendéen, personne n'aurait été choqué. J'ai dit que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale: ça me paraît tellement évident.»

Dans un rapport sur les questions mémorielles publié fin 2008, le président de l’Assemblée nationale d'alors, Bernard Accoyer, avait estimé que les propositions du type de celles visant à la reconnaissance d'un «génocide» en Vendée posaient «un risque de fragilisation de la société française». Le fait d'attribuer la qualification de «génocide» à la mort de 170.000 habitants de la Vendée royaliste lors de la guerre avec le pouvoir républicain est en effet, comme l'expliquait l'agence Reuters en 2009, «fermement rejeté par un certain nombre de spécialistes de la période».

Jean-Marie Pottier

Article actualisé le 17 janvier 2013 à 23h50 avec des précisions sur le dépôt du texte à l'Assemblée et des éléments de contexte sur la défense du concept de «génocide vendéen» par l'extrême droite.

cover
-
/
cover

Liste de lecture