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Défigurée à l’acide, elle remporte le «Qui veut gagner des millions?» indien

Sonali Mukherjee / Facebook de l'émission <a href="http://www.facebook.com/KaunBanegaCrorepatiOfficial">Kaun Banega Crorepati</a>
Sonali Mukherjee / Facebook de l'émission Kaun Banega Crorepati

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Daily Mail, South China Morning Post, The News Insight, AFP, Trust Law

Elle était belle. Aujourd’hui Sonali Mukherjee n’a plus de visage, plus de bouche, plus d’oreilles, plus d’yeux. Brûlée à l’acide en 2003, la jeune femme indienne de 27 ans a déjà subi 22 opérations du visage. Bonne nouvelle: Sonali Mukherjee vient de remporter la version indienne de «Qui veut gagner des millions?» soit 2,5 millions de roupies (environ 35.000 euros) et pourra se payer un nouveau visage.

Le Daily Mail précise que la jeune fille était une étudiante prometteuse de la ville de Dhanbad (à l’est de l’Inde) quand elle a été attaquée en 2003. Trois étudiants dont un «prétendant éconduit» ont fait irruption dans sa chambre pendant qu’elle dormait et lui ont jeté de l’acide au visage. Cet acide, appelé en indien «Tezaab, normalement utilisé pour nettoyer les outils rouillés» l’a laissée partiellement aveugle et sourde.

Ses parents se sont ruinés pour lui payer une chirurgie esthétique, en vendant leurs terres et leurs bijoux de famille, raconte le Huffington Post. Son père a pourtant porté plainte mais «ses agresseurs sont actuellement en liberté sous caution après avoir purgé seulement quatre mois de prison et personne ne les a jamais déclaré coupables de l'infraction», toujours selon le Daily Mail.

«Depuis, elle n'a pas reçu de financement de l'Etat pour son traitement et plus tôt cette année, elle a écrit au gouvernement indien et menacé de se tuer si elle ne recevait pas une aide d'Etat.»

D'autres médias, comme le South China Morning Post précise que la jeune femme voulait que les médecins la tuent, mais l’euthanasie n'est pas plus légale que le suicide en Inde. Finalement, cet appel à l’aide a entraîné une couverture médiatique et lui a permis de lever des fonds. C’est ainsi qu’elle a été repérée par les producteurs de l’émission «Kaun Banega Crorepati»  la version indienne de «Qui veut gagner des millions?» et invitée à participer au show:

«Lors de l'émission, (…) Mukherjee a répondu aux questions avec assurance, son visage enveloppé dans une écharpe rouge, elle portait des lunettes de soleil.»

Elle a répondu à dix bonnes questions d’affilée et annoncé que son argent servirait à financer les opérations restantes, mais ne serait pas suffisant, rapporte l’AFP.

L’Inde est le quatrième endroit le plus dangereux pour les femmes au monde (derrière l'Afghanistan, le Congo et le Pakistan), selon une étude de la fondation Thomson Reuters parue en 2011.

Comme le souligne Françoise Chipaux sur Slate:

«Le fait que l'Inde ait été gouvernée pendant plus de 15 ans par Indira Gandhi, fille unique du libérateur Jawaharlal Nehru et depuis près de dix ans, derrière la scène, par sa belle fille Sonia Gandhi, ne saurait faire oublier le sort réservé aux millions de femmes dans toutes les couches de la société. Le préjudice commence avant même la naissance, puisque facilité par les examens échographiques l'avortement des fœtus féminins est une pratique illégale mais courante. (...) La dot que doit apporter au mariage la fille est un autre sujet de harcèlement pour les femmes. Le phénomène s’est accru ces dernières années avec l’ouverture économique du pays et sa modernisation qui ont fait naitre des désirs de plus en plus grands. Près de 10.000 femmes officiellement, beaucoup plus en réalité tant il est parfois difficile de percer la cause d’un décès déguisé, sont tuées chaque année dans des incidents liés à la dot. Ces meurtres touchent particulièrement les classes moyennes émergentes dont les aspirations sont plus grandes.»

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