France

Alcool: zéro degré au volant pour les 18-24 ans?

<a href="http://www.flickr.com/photos/petercastleton/5212469368/">Drunk</a> / petercastleton via FlickrCC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License by</a>
Drunk / petercastleton via FlickrCC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur JDD, AFP

L’année qui va s’ouvrir sera peut-être celle du zéro degré d’alcool au volant sur les routes et autoroutes françaises. L'hypothèse est officiellement à l’étude comme l’a révélé le 23 décembre Frédéric Péchenard, délégué interministériel à la sécurité routière dans un entretien accordé au Journal du Dimanche.

Cette mesure pourrait concerner dans un premier temps les jeunes conducteurs âgés de 18 à 24 ans. Elle sera prochainement étudiée au sein du Conseil national de la sécurité routière mais elle est déjà critiquée, à la fois par une association de sécurité routière et une autre défendant les intérêts des automobilistes.

Frédéric Péchenard –l'ancien chef de la Police nationale sous la présidence Sarkozy, devenu délégué interministériel à la sécurité routière et délégué à la sécurité et à la circulation routière fin mai 2012– rappelle que les 18-24 ans correspondent à 9% de la population mais représentent 25% des tués lors des accidents de la circulation automobile, soit un millier de morts prématurées chaque année. Il ajoute que l'alcool «intervient dans 40% des accidents mortels» dans lesquels ils sont impliqués.

Depuis 2006 la consommation d'alcool est la première cause de mortalité sur les routes françaises, avec près d'un tiers des tués (30,8% en 2011). Ce taux est pratiquement inchangé depuis 10 ans et bien supérieur à la Grande-Bretagne (17%) ou l'Allemagne (10%), à consommation d'alcool quasi égale.

Pout lutter contre cet état de fait, le gouvernement Fillon avait décidé de rendre obligatoire à compter du 1er juillet 2012 la présence d'un éthylotest dans tout véhicule terrestre à moteur circulant en France, à l'exception des cyclomoteurs (moins de 50 cm3 et 45 km/h maximum).

Toutefois, à cause de diverses difficultés (notamment d'approvisionnement) la verbalisation en cas d'absence de ces appareils à bord du véhicule (11 euros) a été reportée. Elle devrait entrer en vigueur au 1er mars 2013 mais pourrait en définitive être abandonnée.

Ce report avait été décidé début octobre par Manuel Valls. Le ministre de l’Intérieur avait alors annoncé qu’il «proposerait au comité interministériel de la Sécurité routière de mettre à profit ce délai pour évaluer l’intérêt de ce dispositif».

Durant la campagne présidentielle François Hollande avait quant à lui jugé la mesure «pas toujours adaptée» dans un courrier aux associations durant la campagne présidentielle. Raison invoquée:

«La grande majorité des accidents est le fait de conducteurs qui savent être au-dessus de la limite légale.»

Ivre, le conducteur ne chercherait pas à évaluer son taux d’alcoolémie.

L’annonce de la mise à l’étude d’une mesure «zéro degré» a très vite suscité des réactions critiques. «Nous ne sommes pas en faveur de nouvelles lois alors que les anciennes ne sont pas complètement appliquées, notamment la loi Evin, a déclaré l'AFP Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. Cette question, récurrente à l'approche des fêtes de fin d'année, mérite bien sûr d'être étudiée».

Chantal Perrichon fait notamment valoir qu’en Grande-Bretagne le seuil d'alcoolémie autorisé est plus haut qu'en France (0,8 g/l de sang au lieu de 0,5 g/l). «Or ce pays obtient de meilleurs résultats car la loi y est plus appliquée», observe-t-elle.

Pour la présidente de la Ligue contre la violence routière il ne faut pas «faire du sur-mesure pour les jeunes, cela aurait comme conséquence de fragiliser leur permis et de changer le dispositif de leur permis probatoire».

En France, une alcoolémie supérieure à 0,5 g/l entraîne au minimum un retrait de six points du permis de conduire, c'est-à-dire la totalité des points du permis probatoire d'un jeune conducteur.

Pour Pierre Chasseray, directeur général de l'association 40 millions d'automobilistes, estime quant à lui qu’il ne faut pas passer au «zéro degré» mais qu’il faut conserver le seuil actuel de 0,5 g/l, qui est «une tolérance».

Si celle-ci venait à disparaître, il craint que les automobilistes se disent:

«Vu que j'ai bu un verre et que je suis positif, autant y aller.»

Il prône en revanche le renforcement des «contrôles ciblés», notamment aux abords des discothèques, et davantage de formation lors du permis de conduire, par exemple sur l'utilisation des éthylotests.

Dans l’attente des suites qui seront données au «zéro degré» M. Péchenard a annoncé que 2013 verrait l'installation de 200 nouveaux radars, ce qui portera leur total à 4.200 (fixes, feux rouges et mobiles).

«Il faut que les automobilistes français roulent moins vite, ce qu'ils ont fait au cours des dix dernières années: la vitesse moyenne a baissé de 10 km/h depuis 2002. Mais ces résultats sont fragiles», a-t-il souligné, ajoutant que le gouvernement Fillon a pris une «mauvaise décision» avec l’assouplissement du permis à points.

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