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Le FBI surveille les «like» sur Facebook des suspects terroristes

<a href="http://www.flickr.com/photos/nostri-imago/3413984703/">FBI police: emblème</a> / cliff1066 via Flickr CC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License By</a>
FBI police: emblème / cliff1066 via Flickr CC License By

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur FBI.gov, Fightbacknews.org, The New York Times

Faites attention à ce que vous «aimez»  sur Facebook, le FBI vous surveille peut-être.

Début novembre, le bureau de Los Angeles du FBI a révélé qu’il avait inculpé quatre hommes pour leur implication dans une cellule terroriste inspirée d’al-Qaida basée en Californie et dans ses environs. Selon la police fédérale, les hommes se préparaient depuis 2010 à fournir du «soutien» aux terroristes dans le but de tuer des cibles américaines en Afghanistan.

La plainte du FBI contre le groupe était sous secret jusqu’à sa publication il y a quelques jours. Elle a depuis attiré l’attention de certains activistes à cause des méthodes qu’elle révèle.

Le document montre qu’en plus de l’utilisation de la méthode traditionnelle qui consiste à payer une «source confidentielle», le FBI essayait également d’infiltrer le groupe sur Internet. Les fédéraux se sont fait passer pour des sympathisants du terrorisme en utilisant un «employé infiltré en ligne» afin d’évaluer la menace potentielle que représentaient certains individus.

Ils ont par exemple réussi à faire avouer à un homme de 21 ans né au Mexique qu’il voulait faire le djihad afin d’«arrêter les oppresseurs». D’autres sections de la plainte détaillent comment le FBI a pu obtenir des enregistrements audio et vidéo de conversations Skype auxquelles participait leur informateur.

Vu qu’il n’est pas certain que mettre Skype sur écoute est possible étant donné son encodage, il est possible que le FBI ait installé du matériel de surveillance directement sur l’ordinateur d’un terroriste afin de passer outre toute barrière ou sécurité contre les écoutes.

Mais l’aspect le plus intéressant de l’enquête est sans doute la manière dont les agents du FBI ont surveillé les réseaux sociaux.

Un chapitre de la plainte intitulé «Les réseaux sociaux des prévenus» liste le contenu islamiste que les hommes ont «aimé», «partagé», commenté ou posté sur leurs pages Facebook. Le FBI détaille la manière dont Sohiel Omar Kabir, un citoyen qui apparaît comme le leader du groupe, a posté «des photos de lui-même, du contenu non-extrémiste, du contenu islamiste radical, et des objets reflétant une méfiance vis-à-vis des médias traditionnels, des abus du gouvernement, des théories du complot, des abus de la police et la guerre en Afghanistan».

Il rajoute en parlant de deux autres suspects:

«Kabir a partagé plusieurs statuts avec Santana et/ou Deleon, tous deux ayant “aimé” ou commenté plusieurs autres statuts de Kabir.»

Tout cela illustre l’importance qu’est en train de prendre le comportement sur les réseaux sociaux pour les agences du maintien de l’ordre quand elles essayent de constituer un dossier sur des individus. Mais la plainte fait aussi réfléchir sur les effets inquiétants que peut avoir la surveillance des réseaux sociaux sur la liberté d’expression, surtout si le fait d’«aimer» ou de partager un contenu controversé sur Facebook devient un acte suspect ou criminel en soi.

D’autres pays ont déjà dû faire face à des polémiques sur la manière dont leurs agences de maintien de l’ordre surveillent et punissent les utilisateurs de réseaux sociaux. Deux femmes ont ainsi été récemment arrêtées en Inde, l’une pour avoir posté un commentaire «offensant» sur Facebook à propos d’un homme politique récemment décédé, et l’autre pour avoir «aimé» le commentaire. Les femmes ont depuis été remises en liberté sous caution rapporte le New York Times, et une enquête sur les raisons de leur arrestation est en cours.

Ryan Gallagher

Traduit par Grégoire Fleurot

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