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Allemagne: la délocalisation des maisons de retraite

Un couple de personnes âgées avec leur chien, à Malte en décembre 2010. REUTERS/Darrin Zammit Lupi
Un couple de personnes âgées avec leur chien, à Malte en décembre 2010. REUTERS/Darrin Zammit Lupi

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Die Welt, Bayerisches Fernsehen

Madame Ludl est atteinte de démence sénile. Elle ne se rend pas compte qu'elle vit désormais dans une maison de retraite slovaque, à 700 kilomètres de sa Bavière natale. Il y a un mois, son fils et sa belle-fille, au volant du camping-car familial, l'ont emmenée ici et sont repartis de sitôt, juste le temps d'accrocher quelques photos d'autrefois sur les murs de sa petite chambre, rapporte le quotidien allemand Die Welt, qui s'est rendu sur place.

La pension complète de madame Ludl coûte environ 1.100 euros par mois. 700 euros sont pris en charge par la sécurité sociale, les 400 euros restants prélevés sur sa maigre retraite. Un prix presque trois fois inférieur à ceux pratiqués par les maisons de retraite allemandes. C'est donc pour ne pas avoir à payer 1.000 euros par mois de sa poche que le fils de la vielle dame a préféré l'envoyer en Europe de l'est.

Avec des maisons de retraites toujours plus chères et des retraites qui stagnent, l'Allemagne est confrontée à un vrai problème: en 2010, environ 411.000 personnes touchaient l'aide de soins que l'État allemand verse aux personnes dépendantes dont la retraite et les économies ne suffisent pas à payer leur maison de retraite, soit 5% de plus que l'année précédente. Si cela ne suffit pas à couvrir les frais, l'État allemand peut alors contraindre les descendants à payer la part restante. Comme l'écrit Die Welt:

«La conséquence s'appelle souvent Europe de l'est

Si la Slovaquie, la République Tchèque et la Pologne restent en tête, des établissements spécialisés dans l'accueil de retraités européens voient également le jour en Espagne et en Thaïlande ces dernières années. Comme l'explique le Suisse Martin Woodtli, qui dirige une maison de retraite spécialisée dans l'accueil des personnes qui souffrent de démence sénile en Thaïlande:

«Chez nous, une aide-soignante gagne entre 350 et 500 euros par mois. Nous sommes ainsi en mesure de proposer une offre de soins pour environ 2.700 euros par mois tout compris, et pour cette somme chaque hôte a trois accompagnatrices à ses côtés, qui sont seulement là pour lui.»

Face au nombre grandissant de personnes âgées en Allemagne – selon les spécialistes le pays comptera 4,7 millions de personnes dépendantes en 2050, ces établissements de soin à l'étranger pourraient constituer une bonne alternative au manque de places en maisons de retraites dont souffre déjà l'Allemagne. On pourrait même imaginer un système de partenariats entre l'Allemagne et des pays étrangers, avance le député au Bundestag Willi Zylajew (CDU/CSU):

«Au vu de cette situation d'urgence menaçante, il est de circonstance de réfléchir au moins à des formes de prise en charge alternatives

Il existe aussi d'autres solutions moins radicales, à l'instar des colocations de seniors. Comme l'indique le site de la Bayerisches Fernsehen, citant les résultats d'un sondage commandité par DKV, qui rassemble les caisses de retraites allemandes:

«Seuls 7% des gens en âge de travailler veulent aller dans une maison de retraite s'il se retrouvent en situation de dépendance. Il n'y a ainsi aucune autre forme de soins qui soit aussi peu appréciée que la maison de retraite. […] 24% [des sondés] veulent être pris en charge par un service de soins à domicile.»

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