«On la voit si souvent depuis sept ans qu'on pense la connaître: les uns disent qu'elle serait curieuse, raffinée et extrêmement intelligente, les autres la trouvent trop froide, trop passive, trop rationnelle, d'autres encore affirment qu'elle aurait un humour formidable, en particulier quand on se retrouve seul avec elle. Qui est-elle donc? La vérité, c'est que personne ne connaît vraiment Angela Merkel –sauf peut-être son mari et sa directrice de cabinet.»
C'est avec ces mots que le SZ Magazin introduit le dossier très original qu'il consacre cette semaine à la chancelière allemande. L'hebdomadaire qui accompagne le Süddeutsche Zeitung chaque vendredi a demandé à 37 personnalités quelle serait la question qu'elles rêveraient de poser à Angela Merkel. Les questions recueillies, dont certaines très personnelles et un peu provoc', ont ensuite été envoyées à la chancellerie. La chef d'État a accepté d'y répondre —à sa manière: concise et percutante, pleine de flegme. L'intégralité de ses réponses sera bientôt mise en ligne sur le site internet du SZ Magazin. Nous en publions déjà un florilège.
Philipp Lahm, capitaine de l'équipe de foot allemande: Y a-t-il une chose à laquelle vous devez renoncer aujourd'hui? Autrement dit: quel est votre plus grand sacrifice pour la nation?
Angela
Merkel: Je dois
renoncer à faire mes courses sans qu'on me reconnaisse.
Iris Berben, comédienne: Quel est le parfum de votre enfance ?
A.M.: Le pin et le foin, et à l'automne l'odeur des pommes de terre dans l'étuveuse à pommes de terre.
Reinhold Beckmann, journaliste sportif et présentateur télé:
Qu'est-ce que vous
appréciez chez Hannelore Kraft? (1)
A.M.:
Le fait qu'elle
s'intéresse aussi au football.
Olli Dittrich, comédien: Lors du sommet du G8 de 2006 en Russie, George W. Bush est resté un moment debout derrière son fauteuil et s'est pétri les épaules avec les deux mains de façon assez grossière. Un geste infantile, sans aucun savoir-vivre, sans aucun respect humain. Qu'est-ce que vous avez ressenti et pensé à ce moment-là?
A.M.: Que George Bush voulait faire une plaisanterie.
Peter
Gauweiler, homme politique de la CSU, la branche bavaroise de la
CDU: Combien
de temps voulez-vous, contre la majorité absolue du peuple
allemand, poursuivre la politique de sauvetage de l'euro?
A.M.:
Je ne partage pas le
point de départ de la question, à part ça j'essaye de montrer aux
gens la grande importance qu'a l'euro dans nos vies à tous.
Andrea
Petkovic, joueuse de tennis: Avez-vous
une blague de réserve ?
Boris
Becker, ex-joueur de tennis: Qui
voudriez-vous inviter à un dîner festif et pourquoi?
A.M. :
Je n'organise pas de
dîners festifs. Mais j'aimerais bien inviter Vicente
del Bosque à dîner une fois.
Claudia
Roth, co-présidente de Die Grüne, les Verts allemands:
Est-ce que vous aussi ça
vous énerve que chez les femmes en politique, la coiffure, les
vêtements, les bijoux et chaque émotion soient notés –d'une
façon très différente par rapport aux hommes?
A.M.:
C'est devenu une partie
de ma vie.
Markus
Kavka, présentateur télé: Quelle
a été la plus grosse bêtise que vous ayez faite quand vous étiez
adolescente?
A.M.:
Ramper dans un arbre
creux résineux avec un nouveau survêtement qui venait d'un paquet
de l'Ouest (2).
Katja
Riemann, comédienne: De
quoi avez-vous peur ?
A.M.:
Ne pas être à l'abri
quand il y a un orage.
Johannes
Ponader, homme politique du Parti
pirate: Imaginez
que je sois votre successeur. Quelles sont les trois bons plans que
vous me donnez en partant?
A.M.: Traduction de la Bible de Martin Luther, verset 16,18. «L'arrogance précède la ruine, Et l'orgueil précède la chute.»
(1) vice-présidente du SPD, le parti socialiste allemand. C'est l'une des rivales politiques d'Angela Merkel.
(2) Les «paquets de l'Ouest» désignaient avant la Chute du mur les paquets qu'envoyaient les Allemands de l'Ouest aux membres de leur famille qui vivaient en ex-RDA, et qui contenaient des vêtements et des produits introuvables à l'Est.