France

La liste des prénoms pour avoir mention «Très Bien» au bac

Bac philo 2012, au lycée Pasteur de Strasbourg. REUTERS/Vincent Kessler
Bac philo 2012, au lycée Pasteur de Strasbourg. REUTERS/Vincent Kessler

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Baptiste Coulmont, L'Etudiant, OCDE

La probabilité d'obtenir son bac avec mention «Très Bien» (TB) est-elle inscrite dans le prénom du candidat? Depuis quelques années, le sociologue Baptiste Coulmont, auteur d'une Sociologie des prénoms (La Découverte, 2011), étudie les liens entre le prénom et la fréquence des mentions TB au bac, et propose sur son blog les résultats de ses découvertes.

Pour le bac 2012, Baptiste Coulmont a aspiré la publication des résultats nominatifs de 340.000 élèves, disposant ainsi d'un super-échantillon —même si, comme il le rappelle, comme il faut donner l'autorisation pour que son résultat soit publié, ce qui fait que tous les noms ne sont pas publics, ce qui peut induire un biais.

Quels sont donc les prénoms de premier(e) de la classe? 25% des Madeleine, Irène, Come et Ariane qui ont passé le bac ont reçu mention «très bien», note le chercheur. Viennent ensuite les Marie-Anne, Anne-Claire et Gaspard (20% de mentions TB) puis les Violette, Apolline, Iris, Beatrice, Judith, Domitille, Hortense, Fleur, Daphne, Noe, Lara, Henri, Adele, Rose, Augustin, Astrid et Eleonore (15% de mentions TB).

A l'autre bout du spectre des prénoms, aucun élève parmi la centaine de Youssef et de Nabil de l'échantillon n'obtient la mention TB. «Seules une ou deux Sandy, Alison ou Sofiane décrochent la mention TB, poursuit Baptiste Coulmont. 4 Christopher (sur 300) et 5 Mohamed (sur 400). 8 Cassandra et 8 Sabrina sur 470. Plus d’un tiers des 140 Yacine et Linda devront passer les épreuves de rattrapage.»

On sait que les prénoms d'origine anglo-saxonne, diffusés par la culture des séries télé américaines, ont été très populaires parmi les milieux sociaux moins diplômés, ouvriers et employés. L'étude des associations entre prénoms et résultat est donc un moyen détourné de repérer la relation entre le niveau de diplôme des parents et la réussite scolaire des enfants...

Pour les prénoms d'origine maghrébine Youssef, Nabil, Mohamed, c'est là encore l'origine sociale des parents qui peut être lue dans la moindre réussite des enfants au bac, un pourcentage important d'enfants d'immigrés rencontrant des difficultés scolaires selon l'étude Pisa 2009 de l'OCDE, et deux-tiers de ces enfants ayant des parents ouvriers ou employés. «Plus de 58% [des enfants issus de l'immigration, NDLR] ont un père non diplômé et 62% une mère non diplômée, contre 12% et 14% des non immigrés», rappelle par ailleurs une étude du Haut conseil à l'intégration.

Si le prénom n'a ainsi nul pouvoir magique sur la réussite scolaire, les parents peuvent-ils être tentés, consciemment ou pas, de donner à leur enfant un prénom à mention TB? Si on s'intéresse à la diffusion des prénoms dans les milieux sociaux, on observe selon Baptiste Coulmont qu'il y a des prénoms qui gagnent en popularité au fil des années tout en gagnant des mentions TB au bac, à mesure qu'ils passent des catégories artistiques aux classes supérieures valorisant le diplôme.

théorie du «vortex» de Baptiste Coulmont

Comme le note le magazine L'Etudiant à propos de la théorie du sociologue, «[ces prénoms] deviennent connus et identifiés à un groupe qui réussit». Le prénom se diffuse alors plus massivement dans les classes sociales, notamment les moins favorisées, ses résultats au bac se banalisent avant de diminuer.

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