C'était la papesse de la comédie romantique. Nora Ephron, décédée des suites d'une pneumonie, en avait assis les codes, en écrivant Quand Harry rencontre Sally en 1989, réalisé par Rob Reiner. Elle engendrait des plaisirs parfois coupables: des films aux scénarios entendus (le principe c'était que vous connaissiez la fin: tout serait bien qui finirait bien), mais bourrés de malice. Vous vous installiez avec les personnages (souvent joués par Meg Ryan, Meryl Streep, Tom Hanks...) et vous savouriez.
En 71 ans, elle avait eu le temps d'être journaliste, blogueuse, scénariste, réalisatrice, dramaturge. Et de décrocher des nominations aux Oscars et aux Academy Awards. Selon le Washington Post, premier à annoncer son décès, elle a été «l'une des plus chaleureuses et pertinentes chroniqueuses de la culture et de la société contemporaines».
Nora Ephron avait eu le temps, aussi, de mener quelques combats. Pas d'idéologie véhémente, mais notamment un féminisme assuré.
Elle qui avait connu le journalisme dans les années 1960, elle en avait dénoncé la misogynie. Au cinéma, elle avait construit des personnages féminins indépendants et forts –comme en attestait Meryl Streep en chef cuisinière au caractère trempé dans son dernier film, en 2009, Julie et Julia. Puis féministe aussi en jouant des coudes pour faire sa place à Hollywood, dans les années 1980, alors que les femmes n'étaient pas légion aux manettes.
En 2010, Nora Ephron avait publié un recueil d'essais, Je ne me souviens de rien sur la vieillesse et la mort qu'elle sentait approcher. Elle l'a emportée mardi, à New York, sa ville natale.