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Neurosciences: Des rats blessés à la moelle épinière remarchent

<a href="http://www.flickr.com/photos/smercury98/2683268941/">Hello</a>/SMercury98 via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License by</a>
Hello/SMercury98 via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Scientific american, Science, L'Essentiel, RTL, Sciences et avenir

Y-aurait-il un espoir de refaire marcher des humains paralysés, grâce à la science? Le neurobiologiste Grégoire Courtine et son équipe, tous chercheurs à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL, Suisse) ont réussi à faire remarcher des rats paraplégiques grâce à une expérience et un dispositif innovant. La découverte a été publiée dans la revue Science le 1er juin.

Selon la revue Scientific american, l’étude révèle qu’avec une stimulation chimique, puis électrique, et un entraînement physique soutenu, la moelle épinière peut se réveiller et recommencer à contrôler le mouvement des jambes. «La stimulation électrique remplace le message manquant du cerveau, c’est-à-dire elle remplace l’information que le cerveau envoi à la moelle épinière pour marcher. Quant à l’entrainement robotique, il va encourager le cerveau à communiquer à nouveau avec les circuits de la moelle épinière sous la lésion» explique Grégoire Courtine sur RTL ce vendredi. Ainsi les chercheurs ont obtenu 100% de récupération des mouvements volontaires, c’est-à-dire contrôlés par le cerveau. Une première, qui permet d’ouvrir de «nouvelles voix thérapeutique» précise Grégoire Courtine sur RTL.

Le déroulement de la recherche

Pour imiter les graves lésions de la moelle épinières, qui peuvent paralyser de nombreuses personnes, les chercheurs ont anesthésié une centaine de rats, et ont réalisé deux coupes sur la moelle épinière sectionnant ainsi de nombreuses connexions neuronales, indique la doctorante qui a participé à cette étude, Rubia van den Brand pour la revue Scientific american.

Les rats ont ensuite été placés sur un tapis roulant, dans un harnais robotisé qui les maintiennent à la verticale. A ce moment-là, les sujets ont été soumis à deux types de stimulations, juste en dessous des lésions. D’abords les chercheurs leur ont injecté un cocktail de produits chimiques qui agissent comme des neurotransmetteurs, c’est-à-dire qui stimulent les neurones. On les appelle les monoamines (adrénaline, dopamine etc.) précise le chercheur dans une interview pour le site L’Essentiel. Entre cinq et dix minutes après, des électrodes leur ont été implantées sur la partie dorsale de la moelle épinière pour la stimulation électrique. Une fois stimulée, la moelle épinière est de nouveau capable de recevoir et d’interpréter les signaux que lui envoient les organes sensoriels.

Cependant cela ne suffit pas, il faut aussi beaucoup d’entraînement qui durent des semaines pour que le rat puisse remarcher correctement. «Après quelques semaines d’entrainement, les nerfs repoussent, il y a de nouvelles voix de communications qui vont contourner la lésion et qui permettent aux rats de marcher volontairement. Les nerfs se reconstituent sur l’ensemble du système nerveux central, y compris dans le cerveau avec une augmentation de 400% des connexions qui viennent du cortex» indique Grégoire Courtine sur RTL. Cependant il précise aussi dans une interview de Science et avenir, que

«Si l’on entraîne ces rats uniquement sur un tapis roulant (comme le font la plupart des patients actuellement) on ne voit pas de neuroplasticité des voies nerveuses en provenance du cerveau. Le robot que l’on a créé agit un peu comme si deux physiothérapeutes aidaient le patient à marcher en le soutenant s’il tombe, mais sans l’aider à aller en avant. Le robot fournit des conditions sécurisées pour que le rat essaye par tous ses moyens de reprendre le contrôle de ses pattes paralysées. Les premières séances comprennent 90% de tapis roulant et 10% de robot et puis, petit à petit, les proportions s’inversent

A quand des essais cliniques sur l’homme?

Dans l’interview téléphonique pour RTL, Grégoire Courtine précise que «l’on ne peut pas guérir les personnes avec ce type d’intervention». Mais des essais cliniques devraient pouvoir être effectués d’ici un à deux ans - le premier patient potentiel, un jeune homme paraplégique,  est déjà connu selon Courtine. «Il n’y aura pas de stimulation chimique chez l’homme dans un premier temps car cela demande encore d’autres autorisations.» précise le chercheur à Science et avenir. 

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