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Opération «Orgasme de Minuit», ou quand la CIA droguait San Francisco

Photo: <a href="http://www.flickr.com/photos/41582768@N00/3354544980/">Spiral</a> / ciokkolata farabutto never loved berlusconi via Flickr CC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License by</a>
Photo: Spiral / ciokkolata farabutto never loved berlusconi via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur San Francisco Chronicle, Wired

Le San Francisco Chronicle raconte cette nuit de 1957, lorsque Wayne Ritchie, un ancien gardien de prison, absorbe sans le savoir du LSD dans un bar de San Francisco. Il est drogué à son insu, et perdant tout sens de la réalité, braque un bar.

Cette nuit-là, Wayne Ritchie est victime d’une opération de la CIA (services secrets américains) qui testait secrètement des psychotropes sur la population américaine, une opération nommée MK-ULTRA.

Les tests de psychotropes sur la population sont au moins connus depuis l’été 1975, date à laquelle des audiences du Congrès et d’une commission révèlent officiellement au public que la CIA et le département de la Défense avaient conduit des expériences sur des sujets humains, avec ou sans leur consentement, dans le cadre d'un programme visant à influencer des sujets humains par l'utilisation de substances psychotropes.

Et en 2010, le gouvernement américain publiait un mémo de 17 pages daté de 1977 et évoquant les expériences de contrôle mental menées par le Pentagone entre 1947 et 1973 (PDF). Le document déclassifié évoquait les opérations menées «avec la participation de la CIA, induisant l'administration de drogues psychotropes à des sujets humains», précisait Wired dans un article de 2010.

Mais la plupart des articles et enquêtes évoquant la façon dont la CIA avait drogué ses propres citoyens se focalisaient surtout sur New York City. Or «des documents déclassifiés récemment, des interviews, et le journal d’un agent secret obtenu par les archives de l’université de Stanford éclairent d’une lumière nouvelle l’étendue des opérations menées à San Francisco», raconte le quotidien local.

Constituer un réseau

Les spécificités de l’opération menée à San Franciso tiennent notamment à la personnalité de George H. White. White était l’un des responsables du Bureau of Narcotics (agence américaine d’Etat luttant contre le trafic de drogue) qui avait fait les unes des journaux en démantelant des réseaux de trafic partout dans le monde, mais qui était aussi un espion de la CIA. Il supervisait la branche san-franciscaine du programme MK-ULTRA (qu’il surnommait «Operation Midnight Climax» –L’Orgasme de minuit).

Un réseau d’hôtels de passe avait été constitué, pour devenir le vivier de sujets sur lesquels les drogues seraient testées. Les tests devaient permettre de mieux connaître les effets des drogues, afin de pouvoir s’en servir comme armes dans la Guerre Froide.

«La façon dont les sujets étaient choisis variaient», raconte l’article du San Francisco Chronicle. «Pour l’une des maisons de passe, celle de Telegraph Hill, des filles ramassaient des types dans les bars et restaurants de North Beach, et les ramenaient pour faire des expérimentations et des observations. D’autres fois, White et sa femme recevaient chez eux à dîner, et les invités pouvaient être drogués à leur insu via des cocktails hallucinogènes. (…) White décrivait dans son journal la façon dont il inoculait aussi des doses d’acide à des civils sans méfiance, sur des plages, dans des bars et restaurants.»

L’opération dura une décennie, jusqu’à ce que John F. Kennedy ne contraigne le directeur de la CIA, Allen Dulles, à démissionner.

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