Économie

Les Etats-Unis proches à nouveau de l'indépendance énergétique

Des hommes en plein forage près de la Havane à Cuba, le 10 juin 2011. REUTERS/Enrique de la Osa -
Des hommes en plein forage près de la Havane à Cuba, le 10 juin 2011. REUTERS/Enrique de la Osa -

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The New York Times, The Washington Post

C'est un bouleversement majeur, presque passé inaperçu, qui pourrait pourtant changer considérablement la politique internationale de la première puissance économique et militaire de la planète. Les Etats-Unis sont de moins en moins dépendants de l'énergie, et surtout du pétrole, importé de l'étranger.

Comme le décrit le New York Times dans une longue enquête:

«Dans tout le pays, l'industrie pétrolière et gazière augmente fortement sa production après deux décennies de déclin. Utilisant de nouvelles technologies et encouragé par l'envolée des prix du pétrole depuis le milieu des années 2000, l'industrie extrait des millions de barils de plus par semaine depuis les eaux les plus profondes du Golfe du Mexique aux prairies du Dakota du nord

Et dans le même temps, les Américains consomment de moins en moins de pétrole (9% de moins qu'en 2007), ce qui est lié à la fois à la crise économique des dernières années, à la forte hausse des prix des carburants et au fait que les Américains commencent à échanger leurs 4X4 contre des voitures plus petites et beaucoup plus économes.

Entre une augmentation de la production et une baisse de la consommation, les Etats-Unis se retrouvent aujourd'hui sur la voie d'un rêve évoqué par Richard Nixon lors des chocs pétroliers des années 1970, redevenir indépendant sur le plan énergétique. En 2011, les Etats-Unis n'ont plus importé que 45% des carburants liquides qu'ils ont utilisé contre 60% en 2005 et ce recul des importations s'accéllère.

Car non seulement, les Etats-Unis ont réduit de 20% au cours des trois dernières années la quantité de pétrole importée des pays de l'Opep, mais le pays est devenu un exportateur net de produits raffinés et notamment d'essence pour la première fois depuis les années 1940! La production de pétrole aux Etats-Unis qui était tombée de 9,6 millions de barils par jour en 1970 à 4,9 millions de barils par jour en 2008 est aujourd'hui de 5,7 millions et pourrait atteindre 7 millions de barils quotidiens en 2020 et peut-être même 10 millions… un niveau comparable à celui de l'Arabie saoudite!

L'industrie américaine du gaz, qui il y a dix ans craignait de ne plus être capable de satisfaire la demande intérieure, produit aujourd'hui en telle quantité, notamment des gaz de schiste, qu'elle transforme à toute vitesse ses infrastructures pour pouvoir exporter vers l'Europe et l'Asie et non plus importer du gaz.

Comment cela est-il possible? Parce que sous l'impulsion de George Bush et aussi sous l'administration Obama, le gouvernement américain a décidé, en dépit de l'opposition des défenseurs de l'environnement, de soutenir par tous les moyens l'industrie pétrolière et gazière en permettant l'exploitation et la recherche de façon intensive. Il faut dire aussi que la technologie a fait de considérables progrès permettant aujourd'hui d'extraire du pétrole et du gaz qu'il était trop difficile ou trop cher de pomper il y a encore quelques années.

Ces bouleversements, s'ils se prolongent, auront des conséquences considérables sur l'économie et la politique internationale des Etats-Unis. Washington, conscient de sa dépendance à l'égard du pétrole importé, notamment du Moyen-Orient, n'a eu de cesse au cours des dernières décennies de protéger avant tout diplomatiquement et militairement ses approvisionnements. Cela pourrait bientôt ne plus être le cas.

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