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En un an, au moins 26 immolations par le feu au Tibet

<a href="http://www.flickr.com/photos/61541527@N00/5016574320/">Buddhist Monks</a>. upena via Flickr CC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">Licence by</a>
Buddhist Monks. upena via Flickr CC Licence by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Economist, Le Monde, Radio Free Asia, The Washington Post, The Guardian

Pour les bouddhistes tibétains, la religion n’est jamais bien loin de la politique. Alors que les tibétains ont célébré le 10 mars l'anniversaire du soulèvement de 1959 dans une atmosphère tendue, ils ont été au moins 26 en un an, des moines pour la plupart, à s’immoler par le feu, rapporte the Economist.

Dernier en date, un moine de 18 ans s’est volontairement embrasé le 13 mars dans la province du Sichuan. Une région à forte population tibétaine où les suicides par immolation sont les plus nombreux, comme le montre une carte établie par Radio Free Asia. Une recrudescence qui s’explique par la difficulté croissante des bouddhistes à faire entendre leur voix.

«Ces actes de bravoure sont-ils dans l’intérêt de qui que ce soit?», s’interroge l’auteur de l’article. L’objectif est connu: il s’agit pour les représentants de la religion bouddhiste de marquer leur opposition au gouvernement chinois. Le régime communiste occupe cette région du sud de la Chine depuis 1950, et poursuit son entreprise de peuplement (de colonisation selon l’opposition), en favorisant l’installation de Chinois de l’ethnie majoritaire Han.

Mais la vague de suicides a provoqué «non pas une libéralisation, mais une accentuation de la répression», explique the Economist. La présence des forces de police chinoise s’est intensifiée, les actions violentes se multiplient, et le Tibet se coupe chaque jour un peu plus du reste du monde, si bien que, selon Reporters Sans Frontières, la presse étrangère y est moins présente qu’en Corée du Nord.

Leader spirituel des bouddhistes, et chef du gouvernement tibétain exilé dans la ville indienne de Dharamsala, le dalaï-lama n’encourage pas cette forme de protestation, raconte le Washington Post, mais il a néanmoins «loué le courage de ceux qui s’engagent dans cette voie, rejetant la faute sur la Chine et ce qu’il qualifie de génocide culturel».

Pour bon nombre d’observateurs, l’immolation par le feu est devenue «le symbole ultime de protestation», comme l’écrit Patrick Barkham du Guardian. La révolution tunisienne a été déclenchée par l’immolation de Mohamed Bouazizi, et le printemps arabe compte de multiples martyres similaires. Même en France, une professeure avait tenté de mettre fin à ses jours de cette manière dans un lycée de Béziers.

En novembre 2011, sur Slate.fr, Sonia Rolley tentait d’expliquer pourquoi des individus s’immolent par le feu. Dans son article, elle ciblait alors la symbolique de l’acte: «On nie votre existence, alors vous décidez de ne plus être», analysait une psychiatre. Par ailleurs l’immolation «marque l’imagination» et «provoque un sentiment de culpabilité chez les survivants», ce qui favorise la «contamination» et pousse à reproduire ce geste.

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