Monde

Faut-il interdire le pop-corn au cinéma?

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Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BZ, Blog de Jörg Wimmers

La Berlinale a commencé jeudi 9 février, et contrairement au festival de Cannes, celui de Berlin est populaire, c’est-à-dire accessible à tous. Du rédacteur en chef des pages culturelles du Spiegel à l’étudiant en Erasmus, chacun peut aller voir les films en compétition, à prix normal, et dans des salles presque normales. Presque, parce qu’exceptionnellement, on n’y mange pas de pop-corn. L’an passé à la même période, le quotidien BZ rappelait cette mesure exceptionnelle :

«Les hôtesses vous accueilleront avec les yeux d’Argus. Il faut dire qu’avec cinq représentations par jour, ce n’est peut-être pas une interdiction inutile.»

Mais pour beaucoup d’Allemands, un ciné avec les deux mains libres, ce n’est pas un ciné. Le Berliner Zeitung rappelait récemment les statistiques:

«Entre 44 et 57% des usagers du cinéma ne peuvent envisager de voir leur film sans bière, coca, nachos, chips ou autres cacahuètes. Ce qui arrange les exploitants de salles au plus haut point: La vente de snacks représente parfois 50% du chiffre d’affaire. C’est le cas de la chaîne Yorck, qui détient 14 cinémas à Berlin.»

En effet, lit-on sur le blog de Jörg Wimmers dédié à l’économie de l’exploitation cinématographique, les confiseries sont les seules ressources propres à la salle.

«Tout ce qui est vendu dans le foyer des cinémas n’est pas du tout reversé aux distributeurs. Pour les exploitants de salle, la vente de tickets de cinéma est donc largement complétée par ces ressources.»

Si le raisonnement de départ est simple, il n’empêche que les pop-corns peuvent plonger les exploitants dans des dilemmes sans fin: l’argent amassé grâce aux snacks ne devra-t-il pas être aussitôt dépensé dans le salaire des employés de ménage qui ramassent les popcorns éparpillés dans la salle? Vaste débat. En attendant, comment ce rite immuable du popcorn au cinéma, ancré aux Etats-Unis depuis plus de 100 ans, est-il arrivé en Allemagne? Le Berliner Zeitung répond:

«En 1977, Dieter Buchwald, un Münichois très engagé dans le cinéma rentre d’un voyage aux USA, convaincu par l’association film+pop-corn. Propriétaire d’une salle à Münich, il y installe une machine à pop-corn et rencontre un succès triomphal. Pendant six ans, son cinéma demeure le seul d’Allemagne à proposer du maïs soufflé.»

Ainsi, depuis les années 70, l’Europe de l’Ouest aime ingérer des choses en regardant un film. Au grand dam des cinéphiles, bien évidemment, en témoigne cette page Facebook française rageusement intitulée «Pour une interdiction du popcorn au cinéma». Pour une cohabitation pacifique dans les salles, il suffirait en fait que les aficionados et les détracteurs de popcorn se séparent. Mais cette solution est utopique. Alors, si l’on n’aime pas le popcorn, mais qu’on veut tout de même profiter du film en toute quiétude, il suffit de chercher un sexagénaire, et de s’assoir à côté de lui conseille le Berliner Zeitung:

«A l’échelle nationale, des statistiques de 2010 montrent que cette tranche d’âge a dépensé 72 millions d’euros en tickets d’entrée, et seulement 16 millions en snacks et en boissons.»

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