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Entre Gaza et l'Egypte, les tunnels sont en grève

<a href="http://www.flickr.com/photos/anarkistix/3465622080/">Smuggling Tunnels,Rafah, Gaza</a> / Marius Arnesen / via Flickr CC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License by</a>
Smuggling Tunnels,Rafah, Gaza / Marius Arnesen / via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur al-akhbar, France 3 (via INA), Le Nouvel Observateur, Xinhua (via Afriquinfos), PCHR

Apparemment rien de plus banal qu’une grève de commerçants pour protester contre une hausse des impôts et taxes sur leurs affaires.

Sauf que cette grève-là, qui a débuté mardi 10 janvier 2012, est le fait des propriétaires de tunnels souterrains creusés entre la bande de Gaza et l’Egypte. Ils sont furieux d’être pressurés par le gouvernement Hamas, raconte al-akhbar. Et bloquent l’importation des biens et équipements en provenance d’Egypte.

En vigueur depuis «juin 2006 après l'enlèvement d'un soldat israélien, le blocus de Gaza a été considérablement renforcé après la prise de contrôle du territoire en juin 2007 par le Hamas», rappelait Le Nouvel Observateur. Dès lors, avec la fermeture prolongée de la frontière, et la restriction des importations venant de l’Etat hébreu, les tunnels souterrains ont permis de commercer avec l’Egypte (matériau de construction, marchandises, pétrole, mazout).

Vitaux pour l’économie de Gaza, ces tunnels permettent également l’acheminement d’armes vers Israël, ainsi que l’explique ce reportage de France 3 tourné en 2009.

Depuis 2006, les «hommes qui travaillent dans ces souterrains ont dû subir d’intenses bombardements israéliens et le durcissement des mesures de sécurité égyptienne», précise encore al-akhbar.  

Et voilà que maintenant ces commerçants gazaouis se trouvent soumis à la pression fiscale, de la part de leur propre gouvernement cette fois. Motif invoqué par celui-ci:  

«Renforcer la sécurité et empêcher la contrebande de substances interdites.»

Le problème, c’est que l’activité des tunnels s’est réduite depuis deux ans. A la suite de l’opération de la «Flottille de la paix» qui avait causé la mort de neuf activistes turcs en mai 2010, Israël a de nouveau autorisé l’entrée par le nord de certains produits dans la bande de Gaza. Et puis, «après le parrainage fin avril par l'Egypte d'un accord de réconciliation entre les frères ennemis palestiniens, Hamas et Fatah», l’Egypte «a rouvert samedi 28 mai (2011) à titre permanent sa frontière avec la  bande de Gaza». Résultat: la circulation des biens peut se faire au grand jour et les tunnels seraient moins profitables. 

Cependant, le Caire s’autorise parfois à fermer le point de passage pour quelques heures ou quelques jours au gré des tensions, comme ce fut le cas le 21 décembre 2011 selon Xinhua. Pour la seule semaine du 28 décembre 2010 au 3 janvier 2011, il a été de nouveau fermé deux journées. Comme on peut le voir sur le tableau réalisé par le Centre palestinien des droits de l’Homme (PCHR) qui tient une comptabilité serrée de ce qui –hommes ou marchandises– est entré et sorti officiellement de la bande de Gaza, cette semaine-là. 

Mais si les «tunnels sont pour l’essentiel utilisés pour faire passer des biens en contrebande», cela ne semble pas gêner le gouvernement Hamas qui «taxe à l’identique» les importations de voitures, qu’elles soient légales et au grand jour en provenance d’Israël, ou illégales et souterraines en provenance d’Egypte.

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