Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur La Tageszeitung, Le Frankfurter Rundschau, Nord-Deutscher Rundfunk, La Hannoversche Allgemeine Zeitung
Ses toiles peuvent atteindre 500.000 euros. Le centre Pompidou à Paris et le MoMA à New York l’exposent. Âgé de 48 ans, le peintre Daniel Richter est une vedette de la nouvelle peinture allemande. Dix ans après le 11 septembre, dans une nouvelle exposition évènement à la galerie Kestnergesellschaft d’Hannovre, l’artiste s'interroge sur la transformation de l'image de l'Orient chez les Occidentaux. L’exposition s’intitule «10001nacht» («10001 Nuits»). L’Orient du célèbre conte y croise celui du XXIe siècle, et le zéro supplémentaire du titre serait une référence directe à «Ground Zero». Le quotidien local, la Hannoversche Allgemeine Zeitung, était présent au vernissage:
«C’est une suite d’images fantasmagoriques, qui amplifient le conte dans une explosion de couleurs. Car c’est exactement comme cela que l’on connaît le peintre: le maître de la surenchère, celui qui réveille la peinture dans un geste vital et un désir proche de l’ivresse. Mais la peinture allemande n’était pas morte. En effet, sans les nouveaux Fauves des années 80 ou la fureur artistique d’un Martin Kippenberger ou d’un Albert Oehlen dans les années 90, le travail de Daniel Richter n’existerait pas.»
Pour l’heure, c’est lui que la presse s’est empressée de venir voir. Sur son site, la télévision publique régionale (NDR) consacre un petit dossier à l’exposition:
«Les toiles de grand format montrent des scènes entre le cauchemar et le conte de fée. Des combattants armés d’une mitrailleuse courent sous des grêlons de lave, un homme barbu et enturbanné donne du feu à un cowboy Marlboro posté sur un rocher. (…) “Qu’il s’agisse là de talibans, dit l’artiste, c’est au contemplateur de décider”.»
En effet, malgré la teneur de ses sujets, Daniel Richter se défend de faire de la politique. Selon le Frankfurter Rundschau, l’artiste n’a pas cessé de rappeler son credo: «Peintre, ne parle pas: peins!» Grosses lunettes et bottes fourrées, c’était la tenue idéale pour s’adresser, non sans autodérision, à la foule du vernissage:
«Une confrontation de mon travail avec les attentats du 11-Septembre est un débat totalement hystérisé et idéologisé, mais dans le même temps, je ne veux pas me jeter dans les bas-fonds de la politique courante.»
C’était un peu risqué, de dire une chose pareille, lit-on dans la critique de la Tageszeitung, pas forcément convaincue, du reste, par la représentation des stéréotypes de la pub occidentale. 11-Septembre ou pas, le quotidien livre une autre interprétation du quatrième zéro du titre de l’exposition:
«Avec 10001Nacht, Richter élargit le monde féerique des contes orientaux par 9.000 autres nuits. Il montre clairement qu’au XXIe siècle, il est temps de réinterpréter les canons des mythes traditionnels.»
Et pour ceux qui souhaitent découvrir les dédales et les néons sinistres de l’appartement-atelier où Daniel Richter vit très heureux, c’est dans cette vidéo: